· 

Crise agricole : le "réarmement" chimique

Le court-termisme dans toute sa splendeur

Politiciens, dirigeants agricoles : la double imposture

Stéphane Foucart, chroniqueur scientifique du journal "Le Monde " écrivait hier (02 02 2024) dans son journal :

 

"Si « réarmement agricole » il y a, c’est surtout d’un « réarmement chimique » de l’agriculture qu’il est question.

 

A l’heure où l’infertilité et les maladies chroniques s’envolent dans la population générale, où environ un tiers des foyers français reçoivent au robinet une eau non conforme aux critères de qualité pour cause de métabolites de pesticides, où sans doute plus de 80 % de la biomasse d’insectes volants et 60 % des oiseaux des champs ont disparu en quarante ans, on se plaît à imaginer le fou rire nerveux d’hypothétiques historiens qui chercheraient, dans les prochaines décennies, à décrire et surtout comprendre la logique de ce qui se produit ces jours-ci."

 

Mais les électeurs d'aujourd'hui auront, eux, bien compris, que pour le couple Macron-Attal ce n'est pas la prochaine décennie qui importe, même pas la prochaine récolte saturée de phytosanitaires, mais une prochaine élection, qui se déroule au mois de juin.

 

Les agriculteurs productivistes avaient pour principale revendication la mise sous tutelle de lAgence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), chargée d’évaluer les risques sanitaires et environnementaux des pesticides et de leur octroyer (ou leur retirer) leur autorisation de mise sur le marché.

 

En bloquant le pays, sous l'oeil bienveillant du ministre de l'Intérieur et de la droite, ils ont obtenu gain de cause et rapatriés en conséquence leurs machines agricoles.

Imaginons que sous la pression des laboratoires et des pharmaciens, ont ait supprimé l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé( ANSM)...!

 

Je parle des agriculteurs productivistes qui contrôlent le principal syndicat agricole, le FNSEA.

Son président Arnaud Rousseau, est l'exemple type de ces gros bonnets de la terre, qui monopolisent les subventions, noyautent l'administration agricole, et sont en partie à l'origine des difficultés du monde agricole.

 

Voici la carte de visite du sieur Rousseau :

"Directeur de la multinationale Avril (Isio4, Lesieur, Matines, Puget, etc.), administrateur de la holding du même nom, directeur général de Biogaz du Multien, spécialisé dans la méthanisation, administrateur de Saipol, leader français de la transformation de graines en l’huile, président du conseil d’administration de Sofiprotéol, qui finance des crédits aux agriculteurs. "

Liste non exhaustive !

 

Dans le journal Capital (qui n'est pas vraiment un journal de gauche !) on peut lire ceci :

 

"Avril : Ce géant français des huiles et protéines végétales (Lesieur, Puget…) surfe même sur des résultats records, grâce à la hausse des prix des matières premières de son secteur (colza, tournesol) et a ainsi vu son Ebitda (excédent brut d’exploitation) bondir de +64% pour atteindre 583 millions d’euros en 2022. «La progression vient clairement du prix», expliquait ainsi au printemps dernier le directeur financier d’Avril, Aymeric Mongeaud. Juste avant que n’éclate la guerre en Ukraine, son groupe avait «sécurisé ses approvisionnements» en graines de tournesol ou de colza, destinées à fabriquer huile pour la grande consommation, protéines pour le bétail ou agrocarburants.

Avril a ainsi pu surfer sur la hausse générale des coûts de production."

 

Après avoir distribué 199 550 euros en 2019, puis 215 514 euros en 2020, les actionnaires d’Avril ont décidé de verser 502 866 euros au titre de l’exercice 2021.

 

On sait que Monsieur Rousseau, en tant que membre de la FNSEA (président maintenant) défend vigoureusement le "produire français"... mais comment a-t-il sécurisé ses stocks de colza et tournesol ?

En achetant à l'étranger, au mieux disant !

 

Vidéo ci-dessous à partir de 13'30".

 

Et les petits paysans ? Ceux qui souffrent dans nos campagnes, les vrais cultivateurs de nos "belles terres de France" ?

 

Alleluia ! Ils vont pouvoir continuer à s'empoisonner dans leurs champs, pendant que M. Rousseau sabrera le champagne dans ses bureaux capitonnés, continuer à quémander quelques centimes à MM. Leclerc, Auchan, Carrefour, Intermarché... pendant que les gros ventrus de la FNSEA empocheront le gros des subsides de la PAC (9,2 milliards d'euros en 2023).

 

Vive "l'agriculture à la française" et vive "l'écologie à la française" de MM. Macron/Attal/Rousseau !!!

 

NB : C'est Louis XV, qui après le désastre de la guerre de 7 ans (bataille de Rossbach, 1757) disait, en évoquant le futur Louis XVI : Après moi, le déluge !

En effet, son héritier perdit la tête 37 ans plus tard !