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L'effet "Raoult"

les dommages collatéraux  du"traitement" Raoult

Didier Raoult - 2014
Didier Raoult - 2014

Après le séisme, viendra l'heure des bilans et je veux croire que le Pr Raoult sera sommé de s'expliquer devant ses pairs et ses bailleurs de fonds.

 

Ses deux prépublications, sur l'hydroxychloroquine et la bithérapie, avec un antibiotique macrolide (azithromycine), qui ne prouvent strictement RIEN, ont fait des dégâts considérables.

 

Sous la pression populaire, elles ont contraint les autorités politiques (Trump, Macron, Bolsonaro et quelques autres), à plus ou moins donner crédit à un traitement bidon.

 

Elles ont considérablement retardé la mise en oeuvre d'autres essais thérapeutiques partout dans le monde (notamment parce que les malades ne voulaient tester que la chloroquine) et fait prendre ainsi un retard extrêmement préjudiciable dans la lutte contre le virus.

 

En provoquant une ruée sur la chloroquine, et donc une pénurie, elles ont mis en danger les malades pour qui cette molécule était le seul médicament efficace (paludisme, lupus, polyarthrite rhumatoïde).

 

Enfin, on sait aujourd'hui que ces deux médicaments associés, par synergie, peuvent provoquer de graves troubles cardiaques susceptibles d'entraîner la mort. Les autorités sanitaires européennes, canadiennes, américaines, chinoises... ont lancé une alerte indiquant que ce traitement devait être utilisé uniquement à l'hôpital dans un usage compassionnel.

Le Conseil de l'Ordre français vient d'adresser un avertissement aux Marseillais pour un comportement non conforme à l'éthique médicale.

La théorie de l'engagement

D. Raoult 2019, avec toute sa panoplie : cheveux longs, barbe, moustache et BLOUSE
D. Raoult 2019, avec toute sa panoplie : cheveux longs, barbe, moustache et BLOUSE

Le jeune chercheur du CNRS qui démonte point par point le bricolage hâtif et scientifiquement indéfendable de l'équipe Raoult à Marseille (video ci-dessous), est, comme nombre de scientifiques, interloqué par la prise de risque de ce virologue éminent.

 

Car j'ai déjà parlé ici des travaux de Raoult en virologie. Dans les années 2000, son équipe, à Marseille, a mis à jour de nouveaux types de virus géants et un mécanisme totalement inédit d'infection d'un virus par un autre virus.

 

LIRE : Les virus sont-ils vivants ?

 

Il avait acquis une réputation internationale, néanmoins récemment ternie par des prises de position iconoclastes sur la résistance aux antibiotiques, qui l'avaient marginalisé. 

 

Alors qu'est ce qui a poussé le Marseillais à prendre récemment la pose du gourou (barbe et chevelure longue de rigueur, c'est récent chez lui), à jouer les apprentis sorciers et à se faire le porte-parole d'une sorte de populisme médical, quitte à abandonner tous les canons de son métier ?

 

Personnellement, je ne pense pas que la gloire espérée soit le motif principal de la dérive de Didier Raoult.

 

Cette histoire me rappelle celle du brillant immunologiste Jacques Benveniste (dont Luc Montagnier est le continuateur... tiens, tiens!).

 

Montagnier, qui défend aujourd'hui une théorie complotiste sur l'origine de ce coronavirus, défend la mémoire de l'eau et... la téléportation de l'ADN. Autant dire que le codécouvreur du virus du VIH est discrédité et complètement marginalisé.

 

La plus grande supercherie scientifique du siècle dernier est à mettre à l’actif de cet éminent chercheur français, qui mystifia la prestigieuse revue Nature en essayant de  faire croire à "la mémoire de l’eau" ( Benveniste affirme que l'eau qui a été en contact avec une substance conserve les propriétés de cette substance alors que celle-ci ne s'y trouve statistiquement plus !). 

 

" Les études que nous présentons montrent l’existence d’un effet de type moléculaire spécifique en l’absence de molécule."

Même Trump aurait eu des doutes !

 

Une théorie qui ne pouvait que satisfaire les homéopathes ; le laboratoire Boiron a financé une partie de ces travaux.

 

Les rédacteurs de Nature se déplacèrent dans le labo de Benveniste qui ne put jamais reproduire devant eux l'expérience publiée. Ce fut un scandale considérable.

 

Certains - dont je suis - ont pensé que Benveniste n’avait pas été uniquement motivé par l’appât du gain. Une autre hypothèse, plus psychologique, a été émise : celle de la théorie de l'engagement énoncée par Joule et Beauvois.

 

La théorie de l'engagement stipule que  plus on est engagé dans quelque-chose (un acte, une cause…) plus il est difficile d'en sortir et d'y mettre fin (voir  La soumission librement consentie).

 

Raoult s'est empêtré dans l'hydroxychloroquine ; il ne peut plus en sortir. La façon dont il réfute tous les résultats publiés qui vont à l'encontre des siens et discrédite par avance les résultats à venir, montre qu'il a véritablement perdu les pédales.

 

Dans cette deuxième vidéo, Hervé Seitz, chercheur CNRS de l'Institut de Génétique Moléculaire à Montpellier, continue de démonter l'imposture scientifique du Pr D. Raoult.

 

A noter que depuis qu'il s'exprime, Hervé Seitz est inondé de menaces et de courriers abjects.