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Ma part de rêve...

 

"Comme on fait son rêve, on fait sa vie"

 

 À propos de l'exposition dédiée actuellement à Victor Hugo, j'ai cité cette phrase de la surréaliste radicale qu'est Annie Lebrun, qui écrit aussi que :

 

"Le rêve qu'on a en soi, on le retrouve hors de soi" 

 

Jolies phrases d'une adepte d'André Breton pour qui la subjectivité doit imprégner toute pensée politique.

 

Dans Position politique du surréalisme (1935), l'auteur de Najda prétend concilier le : "Transformer le monde" de Marx et le "Changer la vie" de Rimbaud. 

 

A propos de l'engagement du poète, Breton écrit ainsi :

 

" Maison à ciel ouvert, maison perdue, laboratoire de devin ou repaire de brigands, - o menaçante et menacée! - la poésie, qui avait semblé se dissoudre pour étoiler le flot resurgit au flanc du torrent de pierre "

 

C'est Malraux qui à Moscou même - dans les années 30 - sommait les soviets de reconnaître le rôle essentiel de l'art et de la culture dans la conquête des sentiments en bravant inconscient et logique. Et il citait alors le mot d'ordre de Marx : "Plus de conscience".

 

Mais comment aujourd'hui donner à chacun sa part de rêve, quand notre société, à travers ses media, sa télé, sa pub, ses sports..., nous lobotomise et réduit comme peau de chagrin la part de cerveau disponible pour imaginer autre chose que notre consommation quotidienne !

 

Comme le marxisme-léninisme de Mao ou le stalinisme, ce stade ultime du capitalisme qu'est le financiarisme (les mots en isme deviennent de plus en plus laids !), fait de nous des robots, des êtres non-pensants, des esclaves aux chaînes invisibles.

 

Tuer le rêve, quel extraordinaire moyen de soumission !

  

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Nous voici bien loin du ronron de la campagne actuelle de la social-démocratie française, tétanisée par le possible, le normal, l'économiquement correct. Cette gauche là espère échapper au sort des socialistes grecs, espagnols, portugais, allemands, qui ont perdu toute crédibilité, en faisant preuve... du même réalisme.

 

Pourtant depuis le début de la crise financière ne devrions-nous pas -en tout cas à gauche, car sinon qui le fera ! - nous interroger sur l'opportunité du réalisme en période de crise.

 

Ne serait-il pas au contraire opportun de reprendre le slogan de mai 68 :

 

" Soyons réalistes : demandons l'impossible ! "

 

Quand en 1788 dans les cahiers de doléances des paysans réclamaient la fin des privilèges féodaux et ecclésiastiques (qui allaient être abolis un an plus tard) , quand les insurgés de 1830 et 1848 se battaient pour la République, la gauche des années 20 pour les congés payés, puis les retraites, celle de la libération pour la sécurité sociale, les 40h ... ne se situaient-ils pas dans le domaine de l'utopie, du rêve d'une vie meilleure ?

 

Aujourd'hui on veut faire rêver les pauvres en promettant une tranche d'imposition à 75% !

 

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Cela m'amène à Mélenchon qui reprend aujourd'hui la Bastille.

Il nous annonce une nouvelle République, une autre Europe, l'éducation pour tous, un SMIC à 1800 euros... et une tranche d'imposition... à 100% (c'est moins mesquin...).

 

Dans la foule immense qui l'acclame à chacune de ses apparitions sur les estrades, nombreux sont ceux qui communient dans ce rêve d’une vie meilleure... dont ils sont pourtant convaincus qu'ils ne la vivront pas...

 

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Attention à la gueule de bois des lendemains qui déchantent proclament les chantres du possible...

 

Ne savent-ils donc pas que pour des millions d'entre-nous ce sont tous les matins qui déchantent !