Georges Charpak est mort.
Clos à jamais le regard bleu intense, pétillant de malice, de ce juif polonais fou de science et d'humanisme. Voila un "bon français" qui aurait volontiers botté le cul des Sarkozy, Besson et autre Hortefeux, qui exhalent les remugles du pétainisme. Lui qui fut résistant et passa par Dachau, savait à quoi conduit la désignation de boucs émissaires.
Fou de science, Charpak le fut jusqu'à la fin. Bricoleur de génie il travaillait encore sur de nouveaux générateurs de rayons X. Car Charpak n'était pas seulement un brillant théoricien, c'était aussi un expérimentateur hors pair.
Après son prix Nobel de Physique, il entreprit de faire partager sa passion aux plus jeunes et s'investit dans le projet La main à la pâte destiné à éveiller la curiosité scientifique des
tout-petits. On ne peut pas dire qu'il fut particulièrement aidé par les autorités et il pestait contre "les cons des ministères".
Pourtant cette expérience était très importante au moment où se dessinait presque partout dans le monde, mais surtout en Europe, une désaffection préoccupante pour les études scientifiques en général et pour la physique en particulier.
J'ai eu le privilège d'assister à une conférence de Charpak à Montpellier (il fut élève du Lycée Joffre), juste après son Prix Nobel. J'ai toujours devant moi le regard turquoise pétillant de malice de ce passionné !
A lire Mémoires d'un déraciné, physicien et citoyen du monde, Éditions Odile Jacob, 2008