Aujourd'hui certains députés (macronistes) proposent de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Ils ont donc voté les yeux fermés, malgré l’opposition des sociétés savantes médicales (cancérologie, pédiatrie, endocrinologie, hématologie, neurologie…) ou du conseil scientifique du CNRS, un texte qui prévoit de réautoriser une molécule à la toxicité avérée, appartenant à la famille des néonicotinoïdes, réclamée par les producteurs de betteraves sucrières qui affirment n’avoir aucune solution pour protéger leurs cultures des pucerons.

 

Hors ceci est faux et cette question a déjà été tranchée à deux reprises :

 

 L’Anses a déjà été saisie deux fois et par deux fois elle a rendu les mêmes conclusions sur l’existence de solutions alternatives efficaces et opérationnelles. »

 

Riche de 546 pages, le premier rapport de l’Anses sur l’évaluation comparative des risques et des bénéfices des néonicotinoïdes et des autres méthodes chimiques ou non chimiques a été remis en mai 2018.

 

Sur le cas particulier des pucerons de la betterave à sucre, le rapport identifiait déjà au moins une méthode alternative aussi efficace que la famille des néonicotinoïdes : associer deux insecticides autorisés, le lambda-cyhalothrine et le pyrimicarbe. « Ces insecticides de synthèse ne sont certes pas sans danger pour la biodiversité mais, à l’inverse des néonicotinoïdes qui sont appliqués de façon préventive et systématique, ces produits peuvent n’être appliqués qu’en cas de besoin en lutte curative, et de façon précise, ne ciblant que les champs effectivement menacés par une pullulation de pucerons, limitant d’autant leur impact sur les insectes pollinisateurs »

Hervé Jactel in Le Monde est Ingénieur agronome, entomologiste et directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).  C’est lui qui a présidé les deux groupes de travail de l’Anses sur les alternatives à l’usage des néonicotinoïdes.

 

Le deuxième avis de l’Anses a été rendu en mai 2021.

 Exclusivement consacré à « l’efficacité des traitements disponibles pour lutter contre les pucerons de la betterave »,  identifie deux autres insecticides aux « impacts limités sur l’environnement et rapidement substituables aux néonicotinoïdes » : le flonicamide et le spirotétramate.

 

Toutes ces molécules sont beaucoup moins toxiques que les néonicotinoïdes

 

Enfin, deux études scientifiques publiées en 2023 et 2024 dans la revue Crop Protection sur la base d’une centaine d’essais menés en champ ont montré qu’ils étaient même beaucoup plus efficaces que l’acétamipride contre la jaunisse virale. Jusqu’à 87 % d’efficacité lorsque le traitement est associé à la plantation d’orge entre les rangs de betteraves contre seulement 55 % pour l’acétamipride.