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Le coup de sirocco

Chronique d'un "été en pente douce" - 2

Henri Jean Pontoy - Vent de sable à Marrakech
Henri Jean Pontoy - Vent de sable à Marrakech

En ouvrant la baie qui donne sur ma terrasse, hier, sur le coup de 15h, je me suis revu à Marrakech au mois d'août, 39 ans plus tôt.

 

Un coup d'oeil sur le thermomètre - à l'ombre - il affichait 44°C. Mélo, qui passait la truffe dans l'entrebâillement de la porte, a entamé aussitôt un repli stratégique. Les chiens anglais ont horreur de la canicule.

 

A Marrakech, j'avais passé mes nuits sur le carrelage de ma chambre d'hôtel, comme à Madrid une dizaine d'année avant, en transit entre le Maroc et la France. La clim était réservée aux palaces à l'époque.

Le lendemain de mon arrivée dans la ville rouge, un vrai coup de sirocco (chergui au Maroc) avait balayé la ville. En voiture, tous phares allumés, on distinguait avec peine des silhouettes fantomatiques qui essayaient de maintenir leurs deux roues en équilibre. Je n'ai jamais revécu un épisode équivalent.

 

Les voitures n'avaient pas de clim non plus. Lors d'un raid qui me conduisait de Tunis à Rabat, je me souviens d'avoir eu très très chaud entre Oujda et Taza. Je m'inondais de bouteilles d'eau minérale. Sur une plaine désertique, des moutons qui devaient faire pâture de rares touffes d'armoise, s'étaient réfugiés à l'ombre très discrète du seul arbre du coin. Où était le berger ?

 

Ces chaleurs là seront chez nous désormais, puisque nous carbonisons inexorablement notre si belle planète bleue. A vingt ou trente ans on les supporte sans mal, 40 ans après on reste près de la clim et l'on boit frais.

 

Quant à la végétation, elle fait triste mine. Etat des lieux, hier soir, dans le jardin (39°C à 22h !) ; la moitié des feuilles du magnolia soulangeana sont brûlées, les dipladénias ont perdu toutes leurs fleurs, même les lauriers roses font feuille basse.

Nos viticulteurs, arboriculteurs, maraîchers vont devoir sérieusement envisager d'adapter les supports de leur production. L'INRA travaille d'ailleurs sur le sujet ; paradoxalement il semble que les plants de vigne ancestraux soient mieux à même de supporter cette hausse des températures.

 

Sur l'autoroute A54, du côté de Nîmes, les pompiers se sont activés toute la soirée... un petit air de Californie.

 

 

Marrakech sous le sable
Marrakech sous le sable