Des plants de tabac génétiquement modifiés pour lutter contre le paludisme
La malaria (paludisme) continue à faire des ravages chez les "pauvres". On estime à environ 600 000 (dont 82% d'enfants de moins de 5 ans) le nombre de décès annuels, principalement en Afrique.
Depuis 2009, date du billet ci-dessous :
Plasmodium falciparum : tueur en série chez les pauvres
les avancées thérapeutiques restent modestes... ce qui est sans doute lié au manque de solvabilité des populations concernées.
Rien de vraiment nouveau au niveau du vaccin, même si les espoirs raisonnés suscités par le candidat-vaccin de GSK, semblent se confirmer. Le Mosquirix, a reçu un avis scientifique favorable du Comité des produits de santé à usage humain de l’Agence européenne des médicaments (EMA), en juillet 2015.
Néanmoins, l'essai clinique de «phase 3» mené dans sept pays africains a montré que ce vaccin n' est efficace que dans la prévention du premier ou du seul épisode clinique de paludisme chez seulement 56 % des enfants âgés de 5 à 17 mois et 31 % des enfants âgés de 6 à 12 semaines. De plus, l'efficacité diminue drastiquement après une année.
Pour ce qui concerne les agents antipaludéens, une molécule baptisée DDD107498, s'est révélée active in vitro et chez la souris. Elle met en jeu un nouveau mode d'action : le blocage de la synthèse des protéines chez Plasmodium falciparum, en inhibant l’un des gènes régulant sa fabrication.
La publication des travaux de ce consortium de chercheurs date de juin 2015. Les recherches continuent... nous en sommes seulement à la phase pré-clinique.
L'artémisinine a donc encore de beaux jours devant elle...
L'artémisinine est extraite des feuilles de l'armoise annuelle (Artemisia annua), une plante que l'on trouve en abondance dans le sud de la Chine. Elle est utilisée depuis des milliers d'années par la médecine traditionnelle chinoise pour traiter la fièvre et le paludisme.
Au cours de ces vingt dernières années, l'efficacité des traitements contre la malaria à base d''artémisinine ou de ses dérivés semi-synthétiques dans le cadre d'une Artemisinin-based combination therapy, (artéméther et artésunate), ont été confirmés.
A noter que ces composés ont montré une activité anti-tumorale in vitro et sur l'animal. Cependant, les études sur l'homme sont encore très peu nombreuses et on se méfiera des charlatans qui, sur internet, proposent des "préparations" censées "tuer 98% des cellules cancéreuses".
La production d'artémisinine à bas coût est donc un objectif majeur dans la mise en place de traitement de masse pour des populations sans ressources.
Dans cette optique, la modification génétique de plants de tabac par les méthodes de la biologie synthétique semblent être une voie particulièrement prometteuse.
Des chercheurs ont réussis à insérer un ensemble de gènes dans le noyau et dans le chloroplaste de plants de tabac, ce qui leur a permis de produire de l'acide artémisinique, précurseur chimique de l'artémisinine.
L' équipe du Max-Planck-Institut für Molekulare Pflanzenphysiologie (Allemagne), a calculé que la récolte d'une parcelle de terrain de 200 kilomètres carrés de superficie fournirait suffisamment d' artémisinine pour répondre à la totalité de la demande mondiale.
Notons toutefois qu'un résistance à l'artémisinine a été détectée sur certaines souches de Plamodium f.
En 2014, des chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris, de l’Institut Pasteur du Cambodge, du CNRS et du NIAID/NIH américain ont identifié dans le génome du parasite Plasmodium falciparum des mutations situées sur un gène particulier, au niveau du locus « K13 », conférant aux souches qui en sont porteuses une résistance à l’artémisinine.
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