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Parlez-vous franglais ?

 

Parlez-vous franglais ?  Etiemble, (1964)

 

 Un ami cheminot, amoureux de la langue française, poète à ses heures, avait le réflexe québécois : pas moyen de placer un week-end, un corner, un happy end... sans se faire sérieusement réprimander (même un vulgaire sandwich ne trouvait pas grâce à ses yeux !).

 

J'en souriais, moi qui parfois dans mes cours étais contraint d'utiliser des expressions anglo-saxonnes, sans équivalents dans la langue de Molière.

 

J'avais bien tort !

 

Non seulement l'anglais scientifique est devenu la langue universelle des chercheurs (plus aucune publication scientifique digne de ce nom en langue française dans les revues françaises ou internationales), mais une espèce de bouillie à la mode américaine vient dans tous les domaines de la vie courante corrompre notre langue et parfois s'y substituer.

 

Ce charabia, c'est le franglais, utilisé à tort et à travers dans nos media, dans tous ces talk, chat, et autre meeting. La télévision comme toujours a donné le la : de prime (un vocable que je ne supporte plus), en best of, guest star, trash tv, serial killer, loser, addict... les Morandini et consorts, mais aussi des critiques plus sérieux, s'en donnent à cœur joie.

 

Les journalistes ne sont pas en reste qui nous bassinent avec des car-jackinghome-jacking, speed dating...

 

La dernière trouvaille de chroniqueurs ayant pignon sur lucarne est le home staging qui permet de relooker son appartement !

 

C'est d'autant plus inadmissible que les équivalents français existent : un architecte d'intérieur (ou simplement un décorateur) a toujours su rénover ou embellir un bien immobilier. Le cambriolage et le vol avec effraction ne sont pas non plus l'apanage du monde contemporain.

 

Même en informatique c'est par laxisme, suivisme, voire snobisme, que l'on consomme à longueur de colonnes du bug, chip, driver, hot line, on-line, package, mail, spam... alors que nous avons des défaut, puce, pilote, assistance en ligne, progiciel, courriel, pourriel... bien de chez nous !

 

Certes parfois l'anglais (le vrai) décrit plus simplement et plus précisément des méthodes, des objets, des recherches scientifiques, des technologies... mais pas toujours. Faisons au moins l'effort, chaque fois que cela est encore possible, de préférer le français qui est une belle langue qui s'appauvrit.

 

Le franglais est le symptôme d'une double ignorance chez ses adeptes : ignorance du français certes, mais aussi méconnaissance de l'anglais.

 

Nos vénérables académiciens, souvent politiciens décatis, écrivaillons à la chaîne ou pisse-copies à la Max Gallo, feraient mieux de se pencher sur ce mal - plus du tout sournois - au lieu de reluquer le sexe des mots et de valider des auteures, professeures, et autre maîtresse de conférences...... sous la pression de quelques féministes qui se trompent une nouvelle fois de combat (je préfère une femme ingénieur payée comme un homme à une ingénieure payée 15% en moins !).

 

Plutôt que la nation - facteur de division -, défendons la langue, vecteur de culture, d'échange, de savoir. Si mon identité de Français me laisse froid (disons tiède), mon appartenance à la francophonie me rend fier.

 

Le snobisme a précédé la fuite, l'inculture a suivi, la faillite pointe à l'horizon de désespérance de notre vieille nation. Le français est hors circuit, il demande trop d'efforts, trop de vigilance pour ces rois du raccourci, de la facilité et du concis Nabum, Le Post

 


Vive le Québec

Encore une jolie performance de nos amis Québécois : au lieu de l'horrible selfie, ils utilisent le terme egoportrait.