Ce que Dieu a fait... ou tu vivras dans la douleur !

A des degrés divers, de nombreux philosophes, théologiens et écrivains ont sublimé la douleur en lui accordant une certaine valeur rédemptrice ou ont exalté sa grandeur et son acceptation.

 

Pour le christianisme "tu enfanteras dans la douleur". Pour le stoïcisme : "Douleur, tu n'es pas un mal".

 

  • Dans la Bible, la douleur est associée à une punition divine lors du non-respect des lois dictées par Dieu. Mais l’interprétation qu’en fait la religion catholique est différente : « La tradition chrétienne assimile en revanche la douleur au péché originel, elle en fait une donnée inéluctable de la condition humaine. (…) L’acceptation de la douleur est une forme possible de dévotion qui rapproche de Dieu, purifie l’âme. Elle fût longtemps considérée, surtout dans l’Antiquité et au Moyen Âge, comme une grâce particulière. (…) La mort de Jésus sur la croix est essentiellement un mystère de la souffrance, un récit de la rédemption par une douleur infinie seule propre à absorber l’infini péché de l’homme. Longtemps pour le chrétien la douleur est participation sur un mode mineur aux souffrances exemplaires du Christ… » (Le Breton D., 1995, p.89-91).
  • Cette conception de la douleur est récurrente dans notre culture, ce qui expliquerait que, dans nos sociétés occidentales, principalement judéo-chrétiennes, la douleur est sous estimée, voire complètement occultée.
  • Dans la religion musulmane : « Le musulman est moins confronté que le chrétien ou le juif au paradoxe du juste souffrant, car si pour ces derniers Dieu est amour, pour le premier il est surtout puissance absolue. Le fidèle se remet avec patience entre les mains de Dieu et témoigne de son endurance devant l’épreuve. (…) La douleur n’est pas la sanction d’une faute, elle est prédestinée, inscrite en l’homme bien avant sa naissance. (…) Mais si Dieu a créé la douleur il a aussi donné à l’homme les moyens de la combattre par la médecine et la prière. » (Le Breton D., 1995, p.97-98).
  • Ce qui signifie que les musulmans n’ont jamais refusé de soulager la douleur, ils sont même plus souvent demandeurs de soin que les juifs ou les chrétiens car la médecine est une science connue depuis de très nombreux siècles. De plus, la religion n’entrave pas la prise en charge de la douleur.

La souffrance de l'angoissé, les médicaments de l'angoisse

L'angoisse peut s'installer insidieusement sans cause évidente et envahir l'ensemble des situations au quotidien. L'angoisse, vaporeuse, peut se cristalliser sur des objets ou des situations précises. Dans ces cas, elle prend le nom de phobies : peur de traverser un pont, peur des grands espaces, peur de parler en public, etc... A contrario, l'angoisse peut toucher un sujet sain de façon brutale et inattendue. Elle prend le nom d'attaque de panique. Ce type de manifestations peut se reproduire de façon imprévisible conduisant à la peur d'avoir peur.

 

L'intensité permet d'affiner la description de la douleur physique. Ainsi, chacun de nous est compatissant face à une douleur migraineuse autant il se retrouve directement impliqué, interpellé et dans un sentiment d'impuissance et de souffrance personnelle face à un sujet conscient et craint sa douleur physique. Sa douleur nous atteint, nous fait mal, nous souffrons aussi. Parallèlement, la douleur psychique peut atteindre une intensité qui est à la fois sidérante pour le sujet mais aussi déstabilisante pour les personnes qui vivent avec lui ou qui ont la charge du soin. Ce type de situation est souvent le résultat de l'évolution d'une situation non prise en charge suffisamment tôt. L'intensité de cette angoisse est en rapport avec des modifications graves de l'appareil psychique.

 

Pour qui l'a vécu, rien n'est plus douloureux et traumatisant qu'une attaque de panique. Rien n'est pire qu'une douleur que l'on ne peut maitriser puisqu'elle n'est ni localisable, ni explicable.

 

Les benzodiazépines

 

L'apparition des benzodiazépines a constitué un progrès considérable dans le traitement de l'angoisse.

 

Dans le milieu des année 50, L.Sternbach, qui avait émigré vers les USA pendant la guerre, en travaillant pour Hoffmann-La Roche sur des dérivés de la quinoline en vue de production de colorants, synthétise par "erreur" la première benzodiazépine : le chlordiazépoxyde.

 

Lowell Randall mis en évidence, en avril 1957, les propriétés sédatives, myorelaxantes, anticonvulsivantes de cette molécule et souligna d'emblée son excellente tolérance. Un brevet fut déposé en mai 1958 pour un médicament qui allait devenir l'un des immenses succès commerciaux dans toute l'histoire de l'industrie pharmaceutique : le Librium.

 

Dans les années qui suivirent, d'autres benzodiazépines furent commercialisées, qui sont encore prescrites actuellement : (Valium, Tranxène, Seresta, Lexomil,...).

 

La structure des benzodiazépines résulte de la simple association d'un noyau benzénique et d'un cycle diazoté à sept chaînons -diazépine-) :

 

 

 

Actuellement l'usage le plus fréquent des benzodiazépines :

H = Hypnotique.

A = Anxiolytique.

M = Myorelaxant.

Ac = Antiépileptiques

 

Mécanisme d'action :

 

Les benzodiazépines exercent un effet inhibiteur sur l’activité des neurones sensibles à l’action inhibitrice du GABA (neurotransmetteur (voir chimie du cerveau).

Elles facilitent l’effet du GABA sans paralyser l’activité des neurones qui restent excitables. En améliorant le fonctionnement des GABA, elles ont donc une action indirecte de tranquillisant.