« Il n'est pas exagéré de dire que d'après la première réalité de l'enfant

le monde est un sein »

 

Mélanie Klein

 

 

 

 

La beauté atteinte par les seins de la femme n'était-elle point la gloire la plus resplendissante de l'évolution de l'humanité ?

 

Les belles endormies, Yasunari Kawabata

 

Plus que jamais le sein s'impose dans Eros et Thanatos : symbole sexuel qui illustre jusqu'à la caricature les délires de notre époque - ballons de foot qui ornent les poitrines des stars, implants mammaires offerts en Californie ou au Brésil à l'occasion d'anniversaires d'adolescentes en quête d'identité -, vecteur de mort pour tant de femmes aujourd'hui.

 

L'iconographie de la femme allaitante (voir ci-dessous) - d'Isis aux Vierges des églises et Palais romains ou Enclos paroissiaux bretons, symbole de la fertilité, est aujourd'hui rejetée par beaucoup de féministes qui mettent en cause le rôle exclusif - et incontournable - de procréatrice  trop longtemps assigné à la femme.

 

 C'est ce que fait Elisabeth Badinter dans son dernier ouvrage (Le conflit, la femme et la mère) où elle expose ses craintes de voir la crise de l'emploi, le naturalisme, l'intégrisme ou encore les déviances de certains écologistes, renvoyer la femme vers un foyer que, pour certains, elle n'aurait jamais dû quitter.

Elisabeth Badinter va jusqu'à nier tout fondement naturel et biologique justifiant le comportement maternel.

 

Cette thèse est vigoureusement contestée par de nombreux chercheurs, dont d'autres féministes.

Parmi elles, l'anthropologue Sarah Blaffer H(a)rdy (lire par exemple Les instincts maternels ou Mothers and Others :The evolutionary origins of mutual understanding ) qui n'oppose pas inné et acquis, nature et culture mais montre que l'instinct maternel n'est pas une pulsion sommaire indestructible, mais qu'il se met en place si l'environnement n'est pas défavorable.

 

Thanatos ignore la beauté et les symboles ; il envoie son ignoble crabe. Un cancer féminin sur 3 est un cancer du sein.

 

Heureusement on a maintenant identifié les différentes formes de la maladie et des protocoles ont été établis pour chaque cas. Les pourcentages de rémissions et de guérisons augmentent rapidement.

 

Malheureusement le nombre de cas continue de croître et les comportements alimentaires (obésité, consommation d'alcool et de tabac) ainsi que les facteurs environnementaux sont mis en cause.

 

Le dépistage précoce, comme pour tout cancer, est primordial. La mammographie est une bonne technique mais elle est parfois insuffisante ou cause de sur-diagnostic. En cas de doute, échographie et IRM s'imposent.

 

 

« Il ne reste plus que les deux seins depuis la naissance du cou jusqu’au-dessus du nombril. L’un des seins est voilé, l’autre découvert. Quels tétons ! nom de Dieu ! quel téton ! Il est rond-pomme, plein, abondant… »

G. FLAUBERT à propos d'un bas-relief de l'Acropole (10 février 1851)

 

 

"Octobre rose" : montrez donc ce sein...

 

 

 

Vous qui l'avez tété,

Vous qui à tâtons le tâtez...
Ou vous qui le matez...
Vous qui buvez le petit lait de ces tétons dressés;
À vos mères, à vos sœurs, à vos femmes, à vos maîtresses;
Dites bien d'aller à confesse
Chez tous les dépisteurs de ce crabe qui blesse
L'objet de toutes nos tendresses...


Il redouble d'activité
Cet ignoble crustacé !

 

                                   Jean-Pierre Lavergne

 

 

Magnifique ce blog de Sophie Rostain (journaliste) intitulé : Le jour où j'ai retrouvé mes seins !

 

Ode à l'Amour, à la Femme, à la Maternité. Voici un extrait, mais lisez le en entier sur le site de Mediapart.

" Il y a des vendredis chanceux. Tenez, hier, j’ai retrouvé mes seins.

 

Je les ai laissés, en septembre 2007et septembre 2008 sur une table d’opération de l’Institut Curie...

Sans regret, je les ai abandonnés. Ils avaient bien servi depuis cet été sur la plage, en Espagne, j’avais dix ans, où ils s’étaient mis à pousser.

Jolis seins de la plage de Lostmarc’h, bronzés, ragaillardis dans la vague. Jolis seins de l’aube, premiers baisers dans l’ombre d’une cahute. Jolis seins de mes vingt ans, un brin frimeurs bien sûr, tout fiers qu’ils étaient d’être si joliment présents, se pavanant face aux timides, aux hésitants qui s’excusaient presque d’orner le torse des amies de mes amis...

 

Jolis seins de mes trente-six ans que j’ai vu s'affermir, se tendre un matin de février, crainte et plaisir de la maternité. Jolis seins d’un 31 du mois d’août, un petit monsieur collé contre moi, sa bouche avide. Emerveillement dela première tétée de Mouflet qui allait se montrer fabuleusement goulu, très propriétaire terrien, et moi, ravie de me laisser exploiter. Jolis seins et généreux là aussi...

 

... Jolis seins que je découvrais donc sensibles et dotés d'une âme... Ramon Gomez de la Serna (1) avait donc raison...

 

Jolis seins de l’été 2006, en Grèce, derniers bains pour eux. (Ce mardi à Patmos où Mouflet et moi étions partis pour la journée, à deux heures de notre île d'ermites... Leur dernier été.)

 

Donc, je les avais abandonnés, sans remords, plutôt ravie même de pouvoir, en un coup de scalpel, éloigner le spectre de la mort.

 

Et voilà que vendredi, je les ai retrouvés... "

 

 

(1) : -  Les seins inventent la main qu’il leur faut et construisent la rencontre autour.

       - Il y a des seins pleins de calme. Il y a des seins pleins de douleur. Il y a des seins pleins de passion. Il y a des seins pleins de divorce. Il y a des seins pleins de calamités. Il y a des seins pleins de poison. Il y a des seins pleins d'énervement. Il y a des seins pleins de larmes. Il y a des seins pleins de nuit. Il y a des seins pleins de surprises. Il y a des seins pleins de charité. Il y a des seins pleins d'adultère. Il y a des seins pleins d'or amassé.

 

Extraits de SEINS de Ramon Gomez de la Serna

 

 

Poésie

Renoir : Maternité
Renoir : Maternité

Tetin refaict, plus blanc qu'un oeuf,
Tetin de satin blanc tout neuf,
Tetin qui fait honte à la rose,
Tetin plus beau que nulle chose ;
Tetin dur, non pas Tetin, voyre,
Mais petite boule d'Ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraize ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gaige qu'il est ainsi.
Tetin donc au petit bout rouge
Tetin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.
Tetin gauche, tetin mignon,
Tousjours loing de son compaignon,
Tetin qui porte temoignaige
Du demourant du personnage.
Quand on te voit il vient à mainctz
Une envie dedans les mains
De te taster, de te tenir ;
Mais il se faut bien contenir
D'en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendroit une aultre envie.
O tetin ni grand ni petit,
Tetin meur, tetin d'appetit,
Tetin qui nuict et jour criez
Mariez moy tost, mariez !
Tetin qui t'enfles, et repoulses
Ton gorgerin de deux bons poulses,
A bon droict heureux on dira
Celluy qui de laict t'emplira,
Faisant d'un tetin de pucelle
Tetin de femme entiere et belle.

 

Clément Marot, Blason du beau tétin (1535)

 

Arts

 

D'Isis allaitant Horus aux Vierges allaitantes - qui s'en inspirent - (encore une fois Léonard de Vinci me sidère), d'Agnès Sorel (par Jean Fouquet) à Diane de Poitiers (par François Clouet), hymne à la fertilité, à la beauté, à la femme.

Le tableau de Zurbaran rappelle les tortures infligées à Sainte-Agathe dont on arracha les seins à l'aide de tenailles mais qui fut guérie de ses blessures par l'apôtre Pierre.

 

 

Combats

Prague 2009 : protestation contre Facebook qui avait retiré de son site les photos d'allaitement
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Femen: le téton en pointe...