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Gaz de schiste : un nouveau front pour les écologistes ?

 

Les gaz de schiste (shale gas) ont connu un essor extraordinaire ces dernières années aux Etats-Unis où ils représentent 12 % de la production de gaz contre seulement 1 % en 2000. A part quelques pays qui n'ont pas de bassins sédimentaires, on peut trouver ces gaz à peu près partout.

 

En Europe, le consortium Gash, (Statoil, Exxon Mobil, Gaz de France SUEZ, Wintershall, Vermillion, Marathon Oil, Total, Repsol, Schlumberger et Bayerngas) vise à établir d'ici 3 ans une cartographie des ressources européennes.

 

Les bassins les plus intéressants sont situés en Europe du Nord et de l'Est et plus au sud, notamment en France.

Des permis de recherche ont été accordés pour un total de 9700 kilomètres carrés dans une zone qui va du Larzac à la Drôme (Total vient d'obtenir un permis d'exploration dans la région de Montélimar) en passant par les Cévennes et l'Ardèche…

Voila pourquoi les moustaches de José Bové se sont hérissées ces jours-ci !

Les Causses lozériens semblent aussi dans le collimateur, voila qui me fait dresser l'oreille !

 

Le gaz naturel

 

La formation du gaz naturel a pour origine la photosynthèse, qui permet aux végétaux de transformer le dioxyde de carbone et l’eau en oxygène et en hydrates de carbone, grâce à l’énergie solaire. Les végétaux sont enfouis par des sédiments et à mesure que s’accroît la charge sédimentaire, ces hydrates de carbone, sous l’effet de la chaleur et de la pression, conduisent aux hydrocarbures. Le gaz naturel est ainsi formé dans des roches mères organiques, des schistes noirs de fine granulométrie. Sous l'effet de la pression, la majeure partie du gaz naturel migre vers des roches plus poreuses tels le grès et le calcaire.

 On appelle « gaz de schiste » le gaz naturel demeurant dans les schistes.

 

La technique de forage

 

Le gaz de schiste étant dispersé dans une roche imperméable, il faut forer de très nombreux puits et fracturer la roche. On utilise donc un forage horizontal (voir figure).

Généralement la profondeur d'exploitation  est de l'ordre de 1500 à 3000 mètres de profondeur, très en dessous des aquifères d'eau potable.

La fracturation de la roche implique, à chaque opération, l'injection de milliers de m3 d'eau à haute pression et de sable (pour maintenir la fracture ouverte).

 

Les problèmes environnementaux

 

Ils sont multiples :

 

      - la disponibilité et le traitement de l’eau

Notons tout d’abord que l’extraction du gaz de schiste va nécessiter de grandes quantités d’eau qu’il faudra retraiter.

Une partie de l'eau qui a été injectée pour réaliser la fracturation hydraulique est récupérée (de 20 à 70 %) lors de la mise en production du puits. Elle doit être retraitée (par décantation, floculation, électrocoagulation)… afin d’éliminer les chlorures, les éléments en suspension, les sulfates et les carbonates… ainsi que les métaux.  

Il faut aussi se débarrasser des additifs chimiques qui peuvent être classés en 3 grandes catégories : les biocides qui réduisent la prolifération bactérienne dans le fluide ; les produits qui favorisent la pénétration du sable dans les fractures ; les produits qui augmentent le rendement des puits.

 

-  l’emprise au sol

Il y a deux phases dans l'exploitation des gaz de schistes :


* le forage

Les couches géologiques concernées étant très peu poreuses et imperméables, il faut forer un grand nombre de puits (plusieurs puits par km2).

Lors du forage et de la mise en production du puits (quelques semaines), l'activité autour du forage est donc très intense et implique une logistique lourde.

Pour minimiser l'empreinte au sol, mais surtout pour optimiser l'architecture et la productivité des puits horizontaux et diminuer leur coût, on regroupe les plateformes de forage sous forme de "clusters"


      * l’exploitation

 L'émergence du gaz se fait naturellement par différence de pression, sans nécessiter de pompage. En surface, il ne reste que la tête de puits et le gazoduc permettant d'évacuer le gaz.

 

Conclusion

 

L’homme est ainsi fait que dans sa quête de richesses (pour qui ?), de progrès (?)... il ira toujours plus loin dans l’exploitation des ressources naturelles.

 

On sait depuis fort longtemps que des quantités énormes d’hydrocarbures lourds et légers sont détenues dans les schistes ; d’innombrables études ont été notamment réalisées sur les schistes bitumineux, dès le premier choc pétrolier. Le renchérissement du pétrole brut et les progrès spectaculaires des technologies vont assurer, dans les années qui viennent, la rentabilité de leur exploitation.

 

On sait aussi que le prix écologique à payer va être lourd, très lourd.

 

Aux citoyens de juger si le jeu en vaut la chandelle. Les responsables politiques actuels semblent avoir fait leur choix : l’ancien ministre de l’écologie avait donné son feu vert pour la localisation des gaz de schistes. Cependant devant la montée des contestations,  le président socialiste de la région Rhône-Alpes vient de demander l'annulation des permis de recherche accordés dans la région de Montélimar.

Personnellement, si on touche aux Causses, je prends le maquis !

 

A lire : Extraction du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent (Québec)

 

NB : Le Conseil Général de l'Hérault (le nord du département est menacé) a voté à l'unanimité le 24 janvier une motion qui décline une série de griefs contre cette entreprise, qu’il s’agisse de « dispositifs du Grenelle que l’on foule du pied » ou des « quantités d’eau à mobiliser dans une région frappée d’une sécheresse endémique depuis des années », voire de « permis totalement incompatibles avec, par exemple, un classement de grand site au patrimoine mondial (pour Causses et Cévennes), les schémas de développement du tourisme, Natura 2000, etc. ».