Le silence assourdissant de la biodiversité qui s'effondre

La disparition

Vous vous en doutiez... mais c'est pire !

 

"Fort de leur présence sur Terre depuis plus de 400 millions d’années, de leur diversité, de leur adaptabilité et de leur abondance, les insectes constituent une réussite biologique sans précédent et une composante essentielle à la vie sur notre planète. Aujourd’hui, un organisme vivant sur deux et 3 animaux sur 4 appartiennent à leur ordre.

Les fonctions écologiques que ces arthropodes remplissent au sein des écosystèmes sont innombrables. Il est possible de citer, entre autres, la pollinisation, la consommation du couvert végétal (phytophagie), le recyclage des matières organiques en décomposition (coprophagie, nécrophagie, etc.) et des nutriments, le contrôle d’autres espèces considérées comme « nuisibles » et composant le régime alimentaire de nombreuses espèces d’oiseaux, d’amphibiens et de mammifères. Leur maintien dans les chaines trophiques est primordial pour les équilibres écologiques." Benoît Gilles, Passion entomologie

 

Pour un scientifique, une accumulation d'indices ou de symptômes peut suggérer une interprétation, conduire à une hypothèse. Mais elle ne suffit pas pour convaincre.

 

Ce dont il a besoin, c'est d'une étude statistiquement incontestable, passée au crible par des pairs et publiée dans des  revues scientifiques reconnues...

 

... comme la prestigieuse revue anglaise Nature, par exemple, qui vient de sanctifier un travail qui fait froid dans le dos sur la disparition des insectes (des arthropodes en général).

 

 

Sur mon blog, cet été, j'écrivais " Où sont passées les scarabées, lucanes, hannetons, criquets, sauterelles, papillons ... qui en multitudes ont accompagné mon enfance...".

Ceci n'était qu'un ressenti, partagé par nombre d'entre-vous.

 

La publication en question décrit des résultats obtenus en  appliquant  un protocole strict, sur une période de 9 ans (2008-2017), sur 290 sites ( 150 sites de prairies et 140 sites forestiers) dans trois régions allemandes. Elle a permis de collecter des données sur plus d’un million d’arthropodes (environ 2700 espèces).

 

Autant dire qu'elle est incontestable !

 

 

Le résultat est accablant (graphique ci-dessus et ci-contre) :

 

Dans les prairies échantillonnées chaque année, la biomasse, l’abondance et le nombre d’espèces ont respectivement décliné de 67 %, 78 % et 34 %. Le déclin est conséquent dans tous les niveaux trophiques [place dans la chaîne alimentaire] et affecte principalement les espèces rares ; son intensité est indépendante de l’intensité des usages du sol."

"Dans les  sites forestiers inventoriés annuellement, la biomasse et le nombre d’espèces ont respectivement décru de 41 % et 36 %..."

 

 

 

 

Ces baisses ont été particulièrement fortes dans les paysages dominés par des terres agricoles, ce qui suggère que la gestion agricole pourrait être à l'origine de cette baisse.

 

Pour Sebastian Seibold, auteur principal de la publication :

 

« Les initiatives actuelles contre la disparition des insectes se concentrent beaucoup trop sur la gestion de parcelles isolées, et ceci sans coordination particulière »

« Pour arrêter ce déclin, nous devons développer une meilleure coordination au niveau régional et national, fondée sur nos résultats. »

 

Ce travail vient conforter les résultats d'une méta-étude établissant le bilan de la littérature internationale sur les facteurs de déclin de l’entomofaune, à l’échelle mondiale, qui indique notamment que :

" - Plus de 40 % des espèces d’insectes sont menacées d’extinction.

 - Les Lépidoptères, les Hymenoptères et les Coléoptères sont les taxons les plus affectés.

- Quatre taxons aquatiques sont menacés et ont déjà perdu une importante proportion d’espèces."

 

La perte de leurs habitats par conversion vers l’agriculture intensive est le facteur principal de déclin

Les polluants agro-chimiques, les espèces invasives et le changement climatique sont des causes supplémentaires.

L’intensification de l’agriculture est à l'origine de la disparition des oiseaux en Europe

Disparition de  60 % des oiseaux des terres agricoles européennes au cours des 40 dernières années.

Tarier des près
Tarier des près

Une large collaboration scientifique européenne a quantifié pour la première fois l’impact direct de différentes activités humaines sur les oiseaux à l’échelle du continent : les données recueillies pendant près de 40 ans montrent une perte de près d’un quart du nombre d’oiseaux sur cette période.

 

Plus précisément, l’étude démontre l’effet négatif et prépondérant de l’intensification des pratiques agricoles. Ces travaux, dirigés par deux scientifiques du CNRS et un doctorant de l’Université de Montpellier ont impliqué des chercheurs et chercheuses du Museum national d’histoire naturelle et de nombreux pays d’Europe. Ils sont publiés dans la prestigieuse revue américaine  PNASProceedings of the National Academy of Sciences, USA).

 

 

L'utilisation de pesticides et d'engrais de synthèse responsable majeur de cette hémorragie

Moineau friquet
Moineau friquet

Environ 20 millions ! C’est le nombre moyen d’oiseaux disparaissant en Europe d’une année sur l’autre, depuis près de 40 ans. Soit 800 millions d’oiseaux en moins depuis 1980.

 

Ces chiffres viennent d’être établis grâce à une équipe européenne qui a démontré, dans une même étude, la responsabilité dominante de l’évolution des pratiques agricoles. Les scientifiques ont comparé pour cela plusieurs pressions liées à l’activité humaine : l’évolution des températures, de l’urbanisation, des surfaces forestières et des pratiques agricoles.

 

Ils ont ainsi pu quantifier et hiérarchiser pour la première fois leurs impacts sur les populations d’oiseaux, en rassemblant le jeu de données le plus complet jamais réuni : 37 ans de données de 20 000 sites de suivi écologique dans 28 pays européens, pour 170 espèces d’oiseaux différentes.

 

Celles-ci permettent même d’observer finement l’effet des pressions cumulées à l’échelle de chaque pays, d’une année sur l’autre.

Si les populations d’oiseaux souffrent de ce « cocktail » de pressions, les recherches montrent que l’effet néfaste dominant est celui de l'intensification de l'agriculture, c’est-à-dire de l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectares.

 

Elle a entraîné le déclin de nombreuses populations d’oiseaux, et plus encore celle des oiseaux insectivores. En effet, engrais et pesticides peuvent perturber l’équilibre de toute la chaîne alimentaire d’un écosystème.

 

L’autre pression la plus importante est celle liée à l’augmentation globale des températures, qui touche bien sûr plus durement les espèces préférant le froid, avec 40 % de déclin, mais n’épargne pas les espèces préférant le chaud, avec 18 % de déclin.

Enfin, si le nombre d’oiseaux a chuté à l’échelle du continent, certains écosystèmes sont plus durement touchés que d’autres : alors que le nombre d’oiseaux forestiers a diminué de 18 %, ce chiffre monte à 28 % pour les oiseaux urbains et bondit à 57 % pour les oiseaux des milieux agricoles.

 

Que se passe-t'il en France ?

Pipit farlouse
Pipit farlouse

La France est un bon miroir de la situation européenne : elle figure néanmoins parmi les pays dont la surface agricole exploitée de manière intensive est la plus élevée mais aussi parmi ceux dont cette surface a le plus augmenté récemment.

 

La température a également augmenté d'environ 1 °C entre 1996 et 2016, la surface artificialisée est supérieure à la moyenne européenne et la couverture forestière inférieure à la moyenne européenne même si elle s'est accrue depuis 1996.

 

Le nombre d'oiseaux agricoles et forestiers a diminué de 43 % et 19 % respectivement. Le nombre d'oiseaux nichant en milieu urbain a lui augmenté de 9 %.

 

Certaines espèces ont vu leur population chuter de manière spectaculaire : -75 % environ pour le moineau friquet, le tarier des prés et le pipit farlouse, par exemple.

Ce déclin illustre la répercussion des activités humaines sur tout un groupe d'espèces aux exigences très différentes. C'est la signature d'une dégradation environnementale profonde. Plus directement, les oiseaux sont impliqués dans des interactions fondamentales dans les écosystèmes : prédation et régulation d'autres espèces, dissémination des graines, ressources pour d'autres espèces prédatrices. Leur disparition met ainsi en péril l’ensemble des écosystèmes.

 

 

L'homme est le seul primate qui n'est pas pas menacé d'extinction!

Pendant que le président élu de la plus grande puissance mondiale nie l'implication de ses congénères dans le désastre écologique en cours, les études sur l'évolution de la biodiversité se succèdent, convergent, et sont de plus en plus désespérantes.

 

La dernière en date, publiée dans Sciences Advances : Impending extinction crisis of the world’s primates: Why primates matter, annonce pour très vite l'extinction de nos très proches parents : les primates non humains.

 

Ces parents biologiques, jouent un rôle important dans les moyens de subsistance, les cultures et les religions de nombreuses sociétés et offrent une perspective unique sur l'évolution humaine, la biologie, le comportement et la menace des maladies émergentes. Ils sont une composante essentielle de la biodiversité tropicale, ils contribuent à la régénération des forêts et la santé des écosystèmes. 

 

De tout cela, l'humain, au mépris même de son intérêt bien compris, fait fi. De nombreux scientifiques imaginent qu'il se sentira bientôt très seul sur son tas de déchets industriels...

 

Cette méga-analyse porte sur 504 espèces de 79 genres répartis dans la zone néotropicale, le continent africain, Madagascar et l'Asie, elle indique que ~ 75% des espèces de primates sont en déclin et que~ 60% sont d'ores et déjà menacées d'extinction.

 

Cette situation est le résultat de l'escalade des pressions anthropiques sur les primates et leurs habitats : expansion de l'agriculture industrielle, élevage à grande échelle, exploitation forestière et minières (forages pétrole, gaz...).

 

Enfin une analyse globale récente suggère que de nombreux primates pâtiront de  l'évolution des conditions climatiques au cours du 21ème siècle : l'Amazonie, la forêt atlantique du Brésil, l'Amérique centrale et l'Asie de l' Est et du Sud - sont considérés comme des points sensibles de la vulnérabilité des primates face au changement climatique.

 

En conclusion, malgré un tableau très sombre, malgré l'extinction imminente d'un grand nombre de primates, les chercheurs restent persuadés que la conservation de nombreuses d'espèces n'est pas encore une cause perdue.

 

L'inversion de cette tendance est subordonnée à la mise en œuvre urgente de décisions scientifiques, politiques et de gestion immédiates visant à réduire les pressions environnementales et anthropiques sur ces  population.

 

Sinon, la réduction continue et accélérée de la biodiversité des primates est inéluctable.

 


Crimes contre la biodiversité

La sixième extinction de masse est actée

 

Lassitude de devoir répéter, depuis huit ans que j'ai ouvert cette rubrique, que notre biodiversité s'effondre, que d'enquêtes en colloques, de publications en conférences, les scientifiques produisent des données épouvantables à propos de cette extinction de masse dont l'homme est principalement responsable.

Ils prêchent dans le désert et un sinistre imbécile, élu à la tête du plus puissant pays du monde, peut se permettre encrasser davantage notre atmosphère, de fouiller plus avant dans les entrailles de la Terre, de stériliser des cultures pour élever des crassiers...

Pour quelques dollars de plus alors que c'est la survie de l'humanité qui est en cause !

 

Plus de blabla donc ici, mais des tableaux, des chiffres, des images, comme celles parues dans l'article de PNAS qui fait la une aujourd'hui des journaux et des média.

Demain il sera temps de tout oublier, puis d'aller complimenter l'armée française avec le triste crétin en question.

 

Je me posais une question depuis quelques années : où étaient passés les beaux chardonnerets qui venaient picorer les graines mises à disposition dans nos jardins ?

J'ai la réponse : en 20 ans leur population en France a diminué de 40%

 

RAPPORT PLANÈTE VIVANTE 2016

L'homme, ce grand ravageur

Des milliers d'espèces animales et végétales disparues, des dizaines de milliers menacées

D'années en années, le rapport "Planète Vivante" de l'ONG WorldWildLife (WWF), sur l'état de la biodiversité terrestre, se fait plus inquiétant et confirme que l'homme est une arme de destruction massive pour le vivant, animal et végétal, de cette planète.

 

Pour de nombreuses espèces, les dégâts sont irréversibles, pour beaucoup d'autres la fin est proche.

 

Quelques chiffres donnent une idée de l'ampleur du désastre.

Entre 1970 et 2012, la population des vertébrés (mammifères, oiseaux et poissons) a diminué de 58% :

 - le LPI terrestre (Living Planet Index) a perdu 38%,

 - le LPI marin a perdu 36%

 - le LPI eau douce s'est effondré de 81% (merci les pesticides!).

 

 

A court terme, ce sont les humains eux-mêmes qui seront victimes de leurs propres méfaits.

 

Les causes de cette atteinte majeure à la biodiversité sont clairement identifiées :

 

La perte ou la dégradation de l' habitat est la menace la plus commune pour les espèce en déclin.

Agriculture non durable,  développement résidentiel ou commercial,  production d'énergies non renouvelables, endommagent les zones vitales pour la faune et la flore.

 

- L'impact de notre système alimentaire, conduit à la surexploitation des océans, et à la pollution massive des terres.

 

- Le changement climatique (essentiellement d'origine anthropique), perturbe gravement le rythme de vie des animaux en provoquant migration et reproduction à contre-temps.

 

- Enfin, animaux et végétaux sont exposés, dans tous les milieux, à une constante surexploitation, au braconnage (*) volontaire ou involontaire (pêche).

 

(*) Caricature de la bêtise humaine : l'ancien gardien de but de l'OM, Pascal Olmeta; paradant il y a quelques jours, fusil en main, sur le cadavre de l'éléphant qu'il venait d'abattre.

 

 

Comment sauver ce qui peut l'être ?

L'extraordinaire sauvetage d'une espèce en voie d'extinction

Deux décennies après sa disparition dans la nature, l'ara bleu de Spix est réintroduit dans sa forêt natale

 En 1995, des défenseurs de l'environnement et des scientifiques se sont lancés dans une tentative désespérée de sauver l'oiseau le plus rare au monde, un perroquet bleu-gris appelé l'ara de Spix

 

L'oiseau avait à peine été repéré depuis que les scientifiques l'avaient décrit pour la première fois au début du XIXe siècle.

 

Au milieu des années 1990, un seul individu restait en vie dans la nature, près Curaça, petite ville poussiéreuse à la lisière de la Caatinga, une forêt tropicale sèche du nord-est du Brésil, qui couvre 10 % du pays

 

 À l'époque, moins de trois douzaines d'oiseaux étaient connus pour être détenus dans des collections et des zoos du monde entier, et une décision fut prise de libérer une seule femelle dans l'espoir que les oiseaux s'accoupleraient.

Las, peu de temps après, les deux oiseaux étaient retrouvés morts.

 

Ce 11 juin 2022, plus d'un quart de siècle après,  huit aras de Spix ont été libérés dans leur biotope originel. Douze autres devraient suivre à la fin de l'année et encore plus dans les années à venir. 

Si tout se passe comme prévu, ces oiseaux seront l'avant-garde d'une nouvelle population d'aras de Spix dans leur habitat naturel. 

 

Une entreprise extraordinairement complexe

C'est une organisation non gouvernementale (ONG)  fondée par Martin Guth, un homme d'affaires allemand collectionneur de perroquets : l'Association pour la conservation des perroquets menacés (ACTP), qui a relevé le défi de ramener l'oiseau dans la caatinga. 

 

L'ACTP, qui abrite plus de 170 aras de Spix à Tasdorf, près de Berlin, a construit une installation au coeur de la caatinga pour 52 de ces volatiles, transporté au Brésil en 2020.

 

En fait l'histoire débute dès1990, quand des défenseurs de l'environnement ont formé un comité pour superviser un programme de réintroduction. 

Cela impliquait de constituer une population captive adéquate, ce qui s'est avéré être un processus très compliqué. 

 

Pourtant, en 1996, seuls 39 oiseaux captifs étaient connus dans le monde. Pire encore, la plupart d'entre eux étaient étroitement apparentés. Seuls neuf des oiseaux provenaient du milieu naturel et 21 des 30 restants étaient issus d'un même couple aux Philippines.

 

Deux obstacles majeurs

Pour avoir une chance de succès le programme de réintroduction devait surmonter deux grandes difficultés : une maladie congénitale des oiseaux en volière et donc ce problème de consanguinité.

 

Ainsi, en 2010, 54 des 71 oiseaux connus dans le monde se trouvaient au Qatar où la population captive était confrontée à une double menace : la maladie et un faible taux de natalité.

 

La principale maladie menaçant Spix en captivité était une pathologie qui affecte les nerfs du tractus gastro-intestinal des perroquets et les fait dépérir lentement.

En 2008, des chercheurs ont identifié un nouveau virus dans le cerveau des oiseaux atteints : un type de bornavirus, un groupe connu pour provoquer des maladies cérébrales chez les chevaux et les moutons.

 

Tous les Spix connus dans le monde ont alors été testés pour ce virus et les individus sains isolés. Cela a finalement permis d'éliminer la menace du bornavirus aviaire pour la population de Spix.

 

L'autre problème était la reproduction : il fallait produire beaucoup d'individus avec la plus grande diversité génétique possible.  Mais les oiseaux aux génétiques diverses ne formaient pas nécessairement un couple, car les perroquets sont monogames et très exigeants.

Il a fallu avoir recours à l'insémination artificielle en mettant au point une technique spécifique.

 

En mai 2013, les premiers poussins d'aras de Spix inséminés artificiellement ont éclos.

 

Finalement, en juin 2018, Guth et le ministre brésilien de l'Environnement ont signé un protocole d'accord à Berlin pour construire une installation au Brésil, transférer les oiseaux et les réintroduire dans la caatinga.

 

La survie d'animaux captifs relâchés en milieu naturel

Ara d'Illiger (maracana)
Ara d'Illiger (maracana)

Pour donner aux 8 premiers Spix relâchés les meilleures chances de survie, ils ont été élevés et libérés avec 8 aras d'Illiger  espèce plus commune, qui occupe une zone plus vaste que les aras de Spix, mais également dans la caatinga où les modes de vie des deux oiseaux se chevauchent. 

 

L'équipe espère que ce troupeau mixte rejoindra les Illiger sauvages dans la caatinga.

 

Ils serviront de mentors,  permettant aux aras de Spix de bénéficier de leurs connaissances sur la façon d'éviter les prédateurs, de trouver de la nourriture et de se déplacer.

Restaurer le milieu naturel

Même si l'effort pour rétablir l'ara de Spix dans son habitat d'origine dans le nord-est du Brésil réussit, l'oiseau fera face à une menace à long terme : la diminution de la forêt tropicale sèche, connue sous le nom de caatinga.

 

 La caatinga est une mosaïque d'arbustes, de cactus et de buissons épineux avec des ruisseaux bordés de caraibeiras où niche l'ara de Spix. Pendant des décennies, les humains ont récolté du bois, abattu et brûlé des terres pour l'agriculture et élevé des chèvres qui mangent de nombreux semis.

 

Heureusement, les chercheurs du Centre d'écologie et de surveillance environnementale de l'Université fédérale de la vallée de São Francisco (Univasf) travaillent depuis des années à la conservation et à la restauration de la caatinga.

 

Au cours de la prochaine saison des pluies, ils prévoient de planter près de 50 000 semis de 26 espèces différentes, dans le but de restaurer 100 hectares de la forêt constituant le territoire des Spix, ainsi que 100 autres hectares de caatinga. Bien que certaines des plantes fourniront de la nourriture aux aras de Spix d'ici un an, il faudra des décennies avant que les oiseaux ou leurs descendants ne nichent dans les arbres actuellement plantés.

 

 

Nous avons construit trop de villes à la campagne...

... urbains, trop urbains !

Mégalopole japonaise
Mégalopole japonaise

La revue américaine Science publie une série d'infographies interactives, qui montre à quel point la terre est devenue une planète urbaine.

 

Aujourd'hui, plus de la moitié des habitants de la planète vivent dans les villes, et la proportion est en forte croissance. En 2050, près des deux tiers d'entre nous seront des citadins.

 

Sur le plan écologique, les répercussions sont catastrophiques. L'imperméabilisation des sols provoque non seulement des crues dramatiques, mais en empêchant l'humification des sols, elle nuit aux écosystèmes aquatiques et porte atteinte à la biodiversité

Anthropocène : l'âge de l'homme

Le Musée national d'histoire naturelle à Washington DC met les pieds dans le plat en réaménageant ses salles d'exposition pour faire une place à une nouvelle ère terrestre : l'anthropocène.

 

Pour certains en effet, la révolution industrielle marque le point de départ d'une nouvelle ère géologique, succédant à l'holocène, qu'ils nomment anthropocène.

 

Avec l'anthropocène l'histoire de la Terre connait une inflexion majeure, désormais l'homme est la force géologique principale. 

 

Ainsi, avec les seules activités minières, les humains déplacent plus de sédiments que tous les fleuves du monde combinés. 

 

Homo sapiens a également réchauffé la planète, acidifié et fait monter le niveau des océans, provoqué l'érosion de la couche d'ozone...

 

Pour certains géoscientifiques, pour qui l'échelle de temps de l'histoire de la Terre est aussi fondamentale que le tableau périodique des éléments, il s'agit presque d'un sacrilège !

 

Pour ceux-là, "L'échelle de temps géologiques est l'une des grandes réalisations de l'humanité "

 

Jusqu'à ce jour, les travaux concernant l'échelle des temps géologiques ont été basés sur la stratigraphie  : l'études des couches de roche, des sédiments océaniques, des carottes de glace et autres dépôts géologiques.

 

L'anthropocène se situe dans une autre dimension, beaucoup plus complexe.

Reproduction de Nature 2015
Reproduction de Nature 2015

Pour le début de la dernière période géologique, l'Holocène, Michael Walker et ses collègues ont choisi un changement climatique - la fin de l'ultime période glaciaire - et identifiés une signature chimique de ce réchauffement, à une profondeur de 1,492.45 mètres, dans un noyau de glace foré à proximité du centre du Groenland .

Il s'agit donc d'une détermination très précise.

 

On doit à Paul Crutzen, chimiste à l'Institut Max Planck de Mainz, en Allemagne, les premières réflexions quant à l'impact des activités anthropiques sur notre planète.

Dans les années 70-80, il montre comment elles endommagent la couche d'ozone et peuvent conduire à de profonds bouleversements dans notre environnement.

 

Il recevra le Prix Nobel de chimie en 1995.

 

C'est donc lui et un biologiste américain, Eugene F. Stoermer, qui sont à l'origine du terme d'anthropocène.

 

Mais un chimiste et un biologiste n'étaient pas les mieux placés pour annoncer une nouvelle ère géologique. Il a fallu le relais de géologues pour que l'idée fasse son chemin.

 

Ce fut fait en 2008 avec une publication retentissante de géologues britanniques conduits par Jan Zalasiewicz et Mark Williams :

 

" Are we now living in the Anthropocène ? "

 

 Depuis, un groupe de travail s'est mis en place et les débats sont animés autour de la détermination du point de départ de cette nouvelle "ère géologique", car longue est la liste des bouleversements provoqués par l'homme !

 

Le début de la révolution industrielle a de nombreux adeptes mais d'autres options sont sur la table, comme l' expansion de l'agriculture et de l'élevage, il y a plus de 5000 ans, ou l'extension des activités minières, il y a plus de 3000 ans.

 

Hélas, il n'existe aucun signal géologique non équivoque et synchrone de l'activité humaine qui puisse signer ce point de départ !

Menaces sur la biodiversité

Blanchissement des coraux de la grande barrière de corail
Blanchissement des coraux de la grande barrière de corail

L'ampleur du désastre qui affecte la biodiversité est bien connue des scientifiques, qui alertent autorités et citoyens sur les conséquences catastrophiques pour l'avenir de l'humanité de disparitions aussi rapides et aussi massives de tant d'espèces.

 

Après nous le déluge semblent répondre en coeur beaucoup trop d'entre nous...

 

Parmi les multiples atteintes à nos écosystèmes, le blanchissement des coraux, lié à l'élévation de la température des mers et océans, fait actuellement l'objet de multiples travaux

Rapport "Planète Vivante 2012" du WWF : une catastrophe annoncée

1) L'indice planète vivante (IPV), qui mesure les variations de la biodiversité à partir du suivi de 9 014 populations appartenant à 2 688 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons, montre une diminution globale de 28 % de la biodiversité entre 1970 et 2008.


Cette moyenne résulte en fait d'une très forte disparité entre pays tempéré (+30%) et pays tropicaux (-60%).

 

2) L'empreinte écologique, qui mesure  la surface de terre et le volume d'eau nécessaires pour produire les ressources consommées par la population chaque année et absorber le dioxyde de carbone rejeté atteignait en 2008 18,2 milliards d'hectares globaux (hag, hectares de bioproductivité moyenne), soit 2,7 hag par personne, excède de 50 % la biocapacité de la planète.

 

Mais cette moyenne recèle aussi de très grosses disparités :

- l'empreinte carbone record est détenue par le Qatar (11,5 hag nécessaires par habitant), suivi du Koweït, des Emirats arabes unis, du Danemark et des Etats-Unis, (entre 8 et 10 hag par habitant). La France se classe à la 23e position, avec 5 hag, soit le double de la moyenne mondiale (2,7).

 

- Le Bangladesh, l'Erythrée, Haïti, l'Afghanistan, possèdent l'empreinte la plus faible, avec environ 0,4 hag par habitant.

 

D'une façon générale, la pression sur les ressources naturelles des pays les plus pauvres s'aggrave, qu'il s'agisse de produits alimentaires, biocarburants ou de matières premières... et de l'eau :  plus de 20% de l'eau consommée sur la planète est utilisée pour une production destinée à l'exportation.

 

Voir l'article ICI 

 

Première extinction d'un grand singe ?



Le gibbon de Hainan pourrait devenir le premier primate à disparaître.

 

Dans cette petite île du sud de la Chine, il ne resterait qu'une vingtaine d'individus. Cette population, qui comptait plus de 2000 membres en 1950, a été drastiquement réduite par la destruction de son habitat et par le braconnage.

Un plan de sauvetage est en cours d'élaboration.

 
 

... et d'un petit singe

 

Brachyteles hypoxanthus également sur la "liste rouge" de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

 

La Liste rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces. Ces critères s’appliquent à toutes les espèces et à toutes les parties du monde.


Les gorilles résidant dans le parc national des Virunga (République démocratique du Congo), classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, sont menacés d'extinction .

 

Un exemple parmi des centaines des atteintes irréversibles à la biodiversité.



Quelques chiffres clefs

 

Dans la dernière édition de la Liste rouge mondiale (version 2014.2), sur les 74106 espèces étudiées, 22176 sont classées menacées.

Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 13% des oiseaux et 25% des mammifères sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 31% des requins et raies, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34% des conifères.

Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées : au total, 1048 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer.

Biodiversité : la mer se vide !

Chronologie (échelle logarithmique) du déclin des faunes marine et terrestre.
Chronologie (échelle logarithmique) du déclin des faunes marine et terrestre.

Bien que les humains prélèvent la faune marine depuis des milliers d'années, celle-ci est beaucoup moins affectée par les activités anthropiques que la faune terrestre. 

Cependant l'industrialisation récente de cette récolte a ouvert une ère de déclin intense des espèces aquatiques. Combinée au changement climatique (la barre de couleur correspond au réchauffement selon le GIEC), ces activités marines risquent de provoquer un effondrement des ressources halieutiques animales.

 

Voir l'article de Science


Il faut sauver les abeilles

Le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles est un phénomène mondial, maintenant bien avéré.

Si l'origine semble multifactorielle, l'effet désastreux des pesticides néonicotinoïdes est solidement établi.

 

Un éditorial du quotidien "Le Monde" (du 09/02/2013) appellait à l'interdiction totale de ces produits qui agissent à dose infime et dont l'effet persiste pendant des années.

 

 

Voir aussi le site du CNRS/sagascience : Biodiversité !