6 juin - 28 juillet 2020

 

28 Juillet 2020

Découverte de candidats médicaments antiviraux contre le SRAS-CoV-2 grâce à la réutilisation à grande échelle de composés connus

Pendant que de pseudo scientifiques - ou des scientifiques dévoyés - focalisaient l'attention et faisaient perdre un temps précieux à la recherche contre le SRAS-CoV-2, de solides équipes de réputation mondiale, prenaient le problème par le bon bout et entreprenaient de tester des milliers de molécules in vitro, par des techniques de criblage à haut débit.

 

J'ai évoqué sur ce site cette technique, qui accélère considérablement la recherche de principes actifs :

 

Le médicament aujourd'hui 

 

Le criblage à haut débit est une opération qui met en œuvre des robots capables d’accélérer et d’automatiser des étapes de mise en contact de molécules potentiellement actives en pharmacologie (candidats médicaments) avec un système biologique qui reproduit certains aspects de la vie d’une organisme vivant ou de son dérèglement (maladie).

 Ce criblage est dit à haut débit car le processus est très rapide. Il permet de tester des dizaines, voire des centaines de milliers de molécules (en provenance de la nature ou de la synthèse chimique) avec des cibles pharmacologiques, en très peu de temps (quelques semaines, voire quelques jours).

12 000 molécules testées, 100 qui inhibent la réplication virale

Quand on sait que le délai typique d'approbation d'un nouveau traitement antiviral peut dépasser 10 ans, il est clair que la réutilisation de médicaments connus peut accélérer considérablement le déploiement de nouvelles thérapies pour la COVID-19.

 

 À cette fin, des chercheurs ont dressé le profil d'une bibliothèque de médicaments connus, englobant environ 12 000 petites molécules au stade clinique ou approuvées par la FDA.

 

C'est une vingtaine d'équipes américaines, couvrant un large spectre scientifique, qui a été mise à contribution. Parmi elles, les cadors du Scripps Research Institute à La Jolla (San Diego) et de Mount Sinai à New York

 

 Dans cette bibliothèque, ils ont identifié 100 molécules qui inhibent la réplication virale, dont 21 médicaments connus qui présentent des relations dose-réponse. Parmi ceux-ci, treize se sont avérés héberger des concentrations efficaces, probablement proportionnelles aux doses thérapeutiques réalisables chez les patients.

 

Étant donné que la plupart des molécules identifiées dans cette étude ont des profils de sécurité pharmacologique et humaine connus, l'évaluation pré-clinique et clinique de ces médicaments devrait être très rapide (quelques mois ?).

 

 

27 Juillet 2020

L'interféron béta pourrait limiter les formes graves de COVID-19

Selon une étude préliminaire (non examinée par des pairs), un nouveau traitement par inhalation, développé par entreprise britannique de biotechnologies Synairgen, permettrait de limiter le nombre de patients Covid-19 nécessitant une prise en charge en réanimation. 

Il s'agit d'une formulation spéciale d'interféron bêta, administrée directement dans les voies respiratoires via un nébuliseur. 

 

 Les interférons sont des protéines produites suite à une infection virale. En se fixant sur leurs cellules cibles, ces cytokines déclenchent chez celles-ci diverses réactions permettant la mise en place d'un état de résistance aux virus.

Dans le cas de la Covid-19, le coronavirus semble supprimer la production d’interféron bêta pour échapper à notre système immunitaire.

 

 L'essai clinique en double aveugle (contre placebo) a impliqué 101 volontaires, admis dans neuf hôpitaux différents, pour infection à Covid-19.

Les premiers résultats suggèrent que le traitement a réduit de 79% les chances qu'un patient Covid-19 hospitalisé développe une maladie grave nécessitant une assistance respiratoire. 

 

Il avait été montré récemment que la dexaméthasone (un glucostéroïde) permettait de traiter avec une certaine efficacité les COVID-19 sous oxygène, (avec respirateurs ou non).

 

Voir au 17 Juin 2020

 

 

23 Juillet 2020

 

La course au vaccin s'accélère

 

On sait aujourd'hui que toutes les molécules sur le marché -et notamment les antiviraux connus- sont inopérants face à la COVID-19.

La recherche de nouvelles molécules pouvant prendre des années (sans certitude de résultat), il est évident que tous les espoirs reposent maintenant sur un (des) vaccin(s) efficace(s) contre ce redoutable coronavirus.

 

Plusieurs vaccins ont franchi les deux premières phases d'essai et vont être testé à grande échelle.

Plusieurs types de technologie sont en piste :

- classique, par injection du virus atténué,

- par injection de protéines virales semblables à celles que l'on retrouve à la surface du virus,

- en utilisant la technique révolutionnaire (et encore expérimentale) des vaccins vaccin à ARNm, un type de vaccin qui active le système immunitaire adaptatif au moyen d'ARN messagers.

 

Le Ministère de la Santé a publié l'avis des experts concernant une future campagne de vaccination.

 

 

Surmortalité provoquée par l’épidémie dans les municipalités aux revenus les plus bas

Dans une étude en prépublication sur le site d’archives ouvertes HAL, des chercheurs  (Paris School of Economics, France, Norwegian School of Economics, Norway), montrent que dans les municipalités situées dans des départements à forte contamination, la COVID-19 a provoqué en avril 2020 une augmentation de 50 points du nombre de décès par rapport au nombre moyen de décès en avril 2018 et avril 2019.

 

Dans ces zones à forte densité d'infection, les municipalités qui font partie du dernier quartile dans la répartition des revenus, ont connu une augmentation de la mortalité d'environ 100%, soit environ 38 points plus élevés que dans les municipalités plus riches.

 

Sur la figure ci-contre, on observe que dans les départements faiblement touchés, l'évolution des mortalités suit par contre des courbes parallèles.

 

 Les auteurs ont analysé le rôle de deux mécanismes potentiels liés au marché du travail et aux conditions de logement. 

 

Les villes  pauvres ont à la fois une proportion plus élevée de travailleurs fréquemment en contact avec le public et de familles vivant dans des logements exigus. Ces deux dimensions expliquent une part importante du lien entre la pauvreté et la mortalité liée à la COVID-19.

Finalement cette analyse conclut que les conditions de logement sont le principal facteur déterminant parmi ces deux facteurs.

 

 

Résultats positifs en phase 1/2 pour un vaccin à ARNm

Le candidat-vaccin de BioNtech/Pfizer bientôt en phase 3

Le candidat-vaccin à base d'ARNm, de l'entreprise allemande de biotechnologie BioNtech, a franchi avec succès les essais préliminaires.

 

Au bout de 28 jours de traitement, tous les sujets ayant reçu des doses de vaccin présentaient en effet un taux d’anticorps neutralisants dirigés contre le SARS-CoV-2 entre 1,8 et 2,8 fois supérieur au taux mesuré chez des personnes ayant été au contact du virus.

 

Une étude mondiale de sécurité et d'efficacité de phase IIb /III, impliquant potentiellement jusqu’à 30 000 participants, devrait commencer ces jours-ci.

 

Il s'agit du deuxième candidat-vaccin à base d'ARNm, après celui de Moderna (voir dans ce journal au 19 mai 2020), à être testé en phase 3.

 

 

21 Juillet 2020

Le vaccin contre le coronavirus d'Oxford déclenche une réponse immunitaire

Les premiers résultats indiquent également que le vaccin est sûr

Les résultats préliminaires, d'une étude du Jenner Institut d'Oxford, portant sur plus de 1 000 volontaires sains, dans le journal médical The Lancet, sont très prometteurs.

Les volontaires (de 18 à 55 ans) ont été suivis pendant huit semaines après la vaccination.

 

 L'effet du vaccin a été mesuré par la quantité d'anticorps et de cellules T qu'il génère dans le sang des volontaires - et non en réponse au virus lui-même.

 

Il s'agissait d'un l'essai contrôlé randomisé de phase 1/2, en simple aveugle, dans cinq sites d'essai au Royaume-Uni, d'un vaccin à vecteur d'adénovirus chimpanzé  exprimant la protéine de pointe du SRAS-CoV-2.

 

Le vaccin était conçu pour stimuler les deux parties du système immunitaire (le système immunitaire a deux façons de réagir face aux agents pathogènes : via des anticorps et des lymphocytes T).

 

Ces résultats ont été «une étape vraiment importante» sur la voie d'un vaccin... mais il reste encore un long chemin à parcourir. Les essais de phase 3, sur des personnes infectées, viennent de démarrer au Brésil et en Afrique du Sud.

 

A noter qu'un deuxième article publié dans The Lancet faisant état d'un vaccin développé en Chine, sur une base similaire (utilisant un vecteur d'adénovirus humain), aurait généré un réponse immunitaire.Il est accueilli prudemment par la communauté scientifique.

 

18 Juillet 2020

Pourquoi les masques chirurgicaux sont efficaces contre le COVID-19

Pour certains malfaisants des réseaux sociaux, les masques chirurgicaux seraient totalement inefficaces en regard de la taille du coronavirus (environ 100 nanomètres) et de la dimension des pores des microfibres constituant les masques chirurgicaux (entre 10 et 20 micromètres).

 

  Dimensions des aérosols

Gouttelette : 1 à 100 micromètres

Bactérie : 0,5 à 5 micromètres

SARS-CoV-2 : 0,12 micromètre

 

De ce point de vue en effet, ces masques sont de véritables passoires !

 

Sauf que ce sont des interactions électrostatiques de faibles intensité, générées à courtes distances entre les molécules, appelées « forces de Van der Waals » qui assurent le piégeage des particules.

 

Ces forces de Van der Waals agissent de 3 façons, selon la taille des particules : effets de diffusion, d'inertie, d'interception.

 

L'efficacité des masques chirurgicaux FFP1 est donc très significative :  Filtration : >80 % au minimum. Taux de fuite vers l'intérieur : 22 % au max. Pour les FFP2 la filtration est supérieure à 94%.

 

Se méfier des pseudo scientifiques qui sévissent sur ces réseaux et ne jamais s'abreuver qu'à une seule source !

 

SRAS-CoV-2 :  les anticorps antiviraux disparaissent quelques semaines après l'infection

Si ce résultat est confirmé, c'est une très mauvaise nouvelle quant à l'utilité d'un vaccin.

 

Katie Doores au King's College de Londres et ses collègues ont suivi la concentration d'anticorps neutralisants contre le SRAS-CoV-2 chez 65 personnes infectées jusqu'à 94 jours.

Chez la plupart des participants, les niveaux d'anticorps ont commencé à baisser environ un mois après l'apparition des symptômes, atteignant parfois des niveaux presque indétectables, ce qui soulève des questions sur la durabilité des vaccins conçus pour favoriser la production d'anticorps neutralisants.

Il s'agit d'une prépublication qui n'a pas encore était examiné par des pairs.

 

 

15 Juillet 2020

Moderna therapeutics annonce le démarrage de la phase 3 pour son candidat vaccin ARNm- 1273

Moderna a publié le 14 juillet 2020, dans The New England Journal of Medicine, le bilan  de son essai ouvert de phase 1.

 

 Voir les articles précédents sur le vaccin Moderna dans le journal de la pandémie.

 

Cette analyse intermédiaire concerne un calendrier de vaccination à deux doses d'ARNm-1273 administré à 28 jours d'intervalle sur trois niveaux de dose (25, 100, 250 µg) chez 45 participants adultes en bonne santé âgés de 18 à 55 ans.Le bilan est établi au 57ème jour. 

 

En conclusion de cette étude, la société indique :

"Le vaccin ARNm-1273 a induit des réponses immunitaires anti – SARS-CoV-2 chez tous les participants, et aucun problème de sécurité limitant les essais n'a été identifié. Ces résultats soutiennent la poursuite du développement de ce vaccin." 

 

Moderna Inc démarre donc la phase 3 de son essai vaccinal le 27 juillet. Elle concernera 30 000 personnes aux USA, qui recevront une dose de 100 microgrammes.

 

07 Juillet 2020

Transmission aéroportée du SARS-CoV-2 : de plus en plus probable

 Dans une lettre ouverte qui sera publiée dans la semaine, 239 scientifiques assurent que le coronavirus est bien aéroporté, et demandent à l'OMS de modifier ses recommandations en conséquence, selon le New York Times.

Selon ces scientifiques, qui travaillent dans 32 pays, le virus peut se transmettre - et infecter plusieurs personnes - aussi bien par de grosses gouttes après un éternuement (ce que l'on savait déjà), que par de petites gouttes, plus légères et capables de traverser une pièce.

Ce serait une explication à la propagation foudroyante du virus après des regroupements en milieu clos.

Dans ces conditions, le port du masque devrait être rendu obligatoire en milieu confiné.

Selon le président de la Royal Society de Londres et prix Nobel de chimie,Venki Ramakrishnan,  refuser le port du masque est aussi antisocial que de conduire après avoir bu de l’alcool.

 

25 Juin 2020

Il n'y a qu'une seule démarche scientifique !

 

 

Plus que jamais, face aux gourous qui font les beaux devant des politiciens irresponsables et incompétents, il faut suivre les avis d'un conseil scientifique mondialement reconnu.

Plus que jamais, en période de pandémie, la démarche scientifique s'impose. Elle implique la rigueur, l'honnêteté intellectuelle, l'humilité, la coopération avec les pairs et le rejet de tout sensationnalisme.

 

Sur ces bases, la communauté scientifique mondiale a rejeté l'hydroxychloroquine, au mieux inefficace et plus vraisemblablement dangereuse aux doses utilisées.

 

Ce sont des faits, les faits sont têtus et je veux croire que ces gourous auront à répondre d'une campagne de promotion, fondée sur des résultats truqués, qui ont permis d'abuser des millions de malades.

Jean Pierre Lavergne

 

17 Juin 2020

L'espoir le plus sérieux de traitement des formes graves de COVID-19

L'essai RECOVERY, lancé en mars, est l'un des plus grands essais contrôlés randomisés au monde pour les traitements contre les coronavirus; il teste une gamme de thérapies potentielles.

 

Ce 16 juin, le comité directeur de l'essai RECOVERY a annoncé que la dexaméthasone, un glucostéroïde  à bas coût, réduit  d'un tiers le nombre de décès chez les patients hospitalisés souffrant de complications respiratoires sévères de COVID-19.

 

L'étude a recruté 2100 participants qui ont reçu de la dexaméthasone à une dose faible ou modérée (six milligrammes par jour pendant dix jours), et a comparé la façon dont ils s'en sortaient contre environ 4300 personnes qui recevaient des soins standard pour une infection à coronavirus.

 

L'essai RECOVERY suggère qu'aux doses testées, les avantages du traitement aux stéroïdes peuvent l'emporter sur les dommages potentiels.

 

Le gouvernement britannique a annoncé qu'il avait immédiatement autorisé l'utilisation de la dexaméthasone pour les patients hospitalisés avec COVID-19 sous oxygène, (avec respirateurs ou non).

 

Jusqu'à présent, le seul médicament dont le bénéfice a été démontré pour le COVID-19 dans un grand essai clinique contrôlé randomisé, est le remdesivir, un médicament antiviral  (dont j'ai parlé dans ce journal), molécule chère, peu disponible et d'efficacité modérée.

11 Juin 2020

Hors Europe, l'épidémie s'aggrave

 

06 Juin 2020

L'acalabrutinib , une stratégie thérapeutique dans les cas sévères de COVID-19

L'acalabrutinib, médicament orphelin aux États-Unis et en Europe, utilisé pour le traitement de lymphomes et de la leucémie lymphoïde chronique, a amélioré l'oxygénation chez la majorité des patients gravement atteints par le COVID-19, souvent dans un délai de 1 à 3 jours, et n'a présenté aucune toxicité perceptible. 

 

C'est le résultat d'une étude publiée dans Science qui suggère que le ciblage d'une inflammation excessive de l'hôte avec un inhibiteur de la BTK( Tyrosine Kinase de Bruton, qui joue un rôle majeur dans le développement des lymphocytes B) est une stratégie thérapeutique dans les cas sévères de COVID-19.