20 avril - 5 juin 2020

05- 06 - 2020

Résultat de l'essai britannique Recovery

Le LA Times du 05 06 2020
Le LA Times du 05 06 2020

« Nous avons (…) conclu qu’il n’y avait aucune preuve d’un effet bénéfique de l’hydroxychloroquine chez les patients hospitalisés avec le Covid et nous avons décidé d’arrêter de recruter des patients pour la partie hydroxychloroquine avec effet immédiat »

« Ces résultats devraient changer les pratiques médicales à travers le monde. Nous pouvons maintenant arrêter d’utiliser ce traitement qui est inutile. »

 

Ceci est le résumé de l'enquête clinique Recovery, présenté par  Martin Landray, professeur à l’université d’Oxford.

Dans des essais randomisés, les chloroquines ne font pas mieux que le placebo.

 

Ces résultats confirment de nombreuses autres enquêtes en cours. 

Par ailleurs une étude nord américaine (USA/Canada) publiée dans le New England Journal of Medicine suggère que le médicament n'est pas plus efficace pour protéger les personnes exposées au virus qu'un placebo.

 

Si les journalistes - et certains filous- ont gagné beaucoup d'argent avec la chloroquine, les chercheurs auront perdu beaucoup de temps et de moyens dans cette affaire.

 

Retrait de l'enquête publiée par The Lancet

 

La revue The Lancet retire cet article. Manifestement la société Surgisphere qui a fourni les données aux auteurs a abusé les chercheurs. A ce niveau, il s'agit d'une fraude sans précédent, qui confirme que les publications non validées par des comités d'experts doivent être prises avec prudence, même quand elles émanent des revues les plus prestigieuses.

Dont acte.

 

03- 06 - 2020

 

La revue The Lancet a émis une alerte sur l'article cité ci-dessous, publié dans ses propres colonnes.

 

Pourquoi ?

 

Ainsi que je l'avais signalé au tout début de ce journal, les articles publiés sur le COVID-19 ne sont généralement pas examinés par des pairs. Pour des raisons de délais (le processus de publication peut durer des semaines, voire des mois), c'est l'éditeur, seul, qui prend la décision de les diffuser.

Néanmoins, la réputation de revues comme Nature, Science, PNAS, Cell ou The Lancet... dont je reprends les publications, est telle, que l'on peut leur accorder un grand crédit.

 

Quel est ici le problème ?

 

La mise au point de The Lancet dit ceci :

" Bien qu'un audit indépendant de la provenance et de la validité des données ait été commandé par les auteurs non affiliés à Surgisphere et soit en cours, avec des résultats attendus très prochainement, nous publions une expression de préoccupation pour alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à notre attention. Nous mettrons à jour cet avis dès que nous aurons de plus amples informations."

 

Il ne s'agit donc pas d'un problème de traitement de données, de méthodologie, mais d'une certification de certaines de ces données. Dans l'attente, The Lancet n'a pas retiré l'article (contrairement à ce qui s'est passé pour D. Raoult dont les premiers papiers dans des revues confidentielles, ont été désavoués par l'éditeur), mais émis cette alerte.

 

Cela ne change rien au "problème" D. Raoult, qui à partir d'un échantillon biaisé d'une poignée de cas et d'un tapage médiatique savamment orchestré, a conduit le public à se ruer sur une molécule, dont à ce jour aucune étude validée n'a montré une quelconque efficacité.

 

22- 05 - 2020

Chloroquine(s) : tout ça pour ça !

Article retiré. Voir plus haut.

19- 05 - 2020

Bientôt des vaccins à ARNm contre le COVID-19 ?

Plusieurs sociétés développent des vaccins à base d'acide nucléique, notamment Moderna, BioNTech / Pfizer, CuraVac et Inovio (à base d'ADN). Les vaccins à base d'ADN et d'ARNm peuvent être générés rapidement sur la base d'une séquence virale, ce qui donne une voie rapide vers la clinique.

 

La société Moderna fait la course en tête : elle vient d'annoncer que son vaccin ARNm-1273 contre le coronavirus "semble sûr et capable de stimuler une réponse immunitaire contre l'infection."

 

Cela dit il faut rester très prudent : cet essai de phase 1 n'a été réalisé que sur 8 personnes. Il s'agit maintenant de le tester sur des milliers de personnes.

 

Cependant la FDA vient d'autoriser Moderna à démarrer la phase 2 (*) ;  La fabrication du matériel ARNm-1273 pour l'éventuel essai de phase 2, qui pourrait commencer dans quelques mois, est en cours.

 

* :  sur 50 à 500 personnes, on étudie la tolérance avec la formulation finale du vaccin et le nombre de doses retenues (schéma de vaccination) dans la population à laquelle cette vaccination sera recommandée.

 

Qu'est-ce qu'un vaccin à ARNm ?

L'ARN messager, ou ARNm, joue un rôle fondamental en biologie humaine, en transférant les instructions stockées dans l'ADN pour fabriquer les protéines nécessaires dans chaque cellule vivante. 

 

Les médicaments à base d'ARNm ne sont donc pas de petites molécules, comme les produits pharmaceutiques traditionnels. Ce ne sont pas non plus des produits biologiques classiques (protéines recombinantes et anticorps monoclonaux) - qui ont été à l'origine de l'industrie biotechnologique.

 

Les médicaments à ARNm sont plutôt des ensembles d'instructions. Et ces instructions orientent  les cellules vers la fabrication de protéines destinées à prévenir ou à combattre la maladie.

 

La société Moderna développe la technologie ARNm depuis quelques années dans six domaines, en particulier les vaccins prophylactiques, les vaccins anti cancer et l'immuno-oncologie intratumorale.

 

Dans le domaine des vaccins, Moderna travaille sur neuf ARNm, visant les cytomegalovirus (ARNm-1647), le ZIKA (ARNm-1893), la grippe H7N9 (ARNm-1851), le virus  d'Epstein-Barr (ARNm-1189) et donc tout récemment le SARS-CoV-2 (ARNm-1273).

Il faut noter qu'aucun de ces produits n'a été commercialisé et qu'un seul a atteint, à ce jour, la phase 2 (le premier cité).

Le chemin est donc encore long, même si les financements récemment obtenus vont permettre d'accélérer considérablement les travaux dans ce domaine.

 

 

15- 05 - 2020

Désir de bleu

 

«D’abord, il n’y a rien, ensuite il y a un rien profond, puis une profondeur bleue.»

Gaston Bachelard

 

Quand tant de corps se décomposent, le noir, le gris, le sale, la puanteur... envahissent nos espaces et nos esprits :

"Maintenant, de nouvelles odeurs horribles émanent des rues de Manhattan depuis que les morgues de New York sont saturées. Les corps des défunts sont entassés dans des camions. A Brooklyn, les habitants se plaignent d’une odeur insoutenable. La source était un camion dans lequel les corps étaient entassés sans aucun système de réfrigération. Les citoyens et non-citoyens noirs et hispaniques paient les frais des dommages causés par la Covid-19."

Ishmael Reed, tribune Libération, 15 05 2020

 

Pour se débarrasser de ces odeurs, de ces couleurs morbides, quoi de plus pertinent que de se replonger dans le bleu d'Yves Klein !

 

Pour Yves Klein la beauté existe déjà, à l'état invisible. Sa tâche consiste à la saisir partout où elle est, dans l'air et dans la matière. Yves Klein a fait de sa vie tout entière une œuvre d’art : "L’art est partout où l’artiste arrive."

 

Dans sa quête d’immatérialité et d’infini, Yves Klein adopte le bleu outremer comme véhicule. De ce bleu plus que bleu, qu’il nommera « IKB » (International Klein Blue), irradie une vibration colorée qui n’engage pas seulement le regard du spectateur : c’est l’esprit qui voit avec les yeux.

 

Justement, l'Atelier des Lumières, à Paris, proposait depuis le 28 février,  une exposition immersive "Yves Klein, l’infini bleu", en parallèle de "Monet, Renoir... Chagall. Voyages en Méditerranée".

Las, cette horrible virus a fermé les portes de l'exposition... que l'on retrouvera, j'espère, très bientôt.

 

09- 05 - 2020

Brèves avant déconfinement...

Les bonnes nouvelles...

IMMUNITE 

 

D'abord sur l'immunité acquise, question clé si l'on veut à terme compter sur un vaccin.

 

Une étude américaine (Icahn School of Medicine du Mont Sinaï à New York), portant sur plus de 1 300 personnes présentant des symptômes de la maladie, montre que presque tous ceux qui se remettent du COVID-19 fabriquent des anticorps contre le nouveau coronavirus.

 

Plus de 99% des participants infectés, qui avaient participé aux études, ont finalement développé des anticorps - ce qui suggère qu'ils sont immunisés contre la réinfection (pour une durée inconnue). La réponse immunitaire pourrait être lente: certains volontaires de l'étude n'ont produit d'anticorps détectables qu'un mois après avoir commencé à se sentir mal. 

L'équipe a découvert que l'âge et le sexe d'une personne n'affectaient pas ses chances de développer des anticorps.

 

TESTS

Un nouveau kit de diagnostic, basé sur une approche développée par un  pionnier de la technique CRISPR (Feng Zhang, Broad Institute of MIT et Harvard à Cambridge, Massachusetts) va être utilisé pour tester le SRAS-CoV-2 dans des laboratoires américains certifiés. Il s'agit d'une méthode simple à mettre en place, fiable et très rapide.

Si le matériel génétique du virus est trouvé dans le prélèvement (nez, gorge ou poumons), une enzyme CRISPR génère une lueur fluorescente. Le test peut donner les résultats en une heure environ.

 

... et les mauvaises !

TRAITEMENTS ET VACCINS

 

Aucun protocole de soins n'a, à ce jour, fait preuve d'une efficacité démontrée.

 

L'essai européen Discovery, pompeusement annoncé en France, tourne au fiasco.

Pour deux raisons :

- les autres pays européens ne participent pas,

- en France, la plupart des patients réclament l'hydroxychloroquine - effet Raoult (*) - et refusent les autres molécules !

L'échantillon de 3200 patients est donc loin d'être atteint !

 

Néanmoins, les résultats de plusieurs études américaines sont attendus pour ce mois de mai.

 

Pour un vaccin massivement disponible, il faudra sans doute attendre l'automne 2021.

 

 (*) : Je rappelle les assertions successives de Raoult : le COVID est une grippette (février), le virus disparaîtra au printemps (mars), j'ai le médicament miracle (mars), l'épidémie est terminée à Marseille (avril)... Autant d'âneries qui ont fait perdre du temps aux chercheurs.

 

CONTAGION  

 

Ce virus est extrêmement contagieux. Des exemples nombreux de nouveaux clusters apparaissant suite au déconfinement (Allemagne) ou au relâchement ( France) sont publiés. Nul doute qu'ils vont se multiplier.

La plupart des scientifiques qui travaillent sur des modèles, jugent la deuxième vague inéluctable.

 

Le retour des enfants dans les écoles pourrait participer à cette nouvelle flambée, même si les experts ne sont pas unanimes sur le sujet.

En effet, si les chercheurs sont d'accord sur deux points : 

- les enfants (moins de 10 ans) sont contaminés comme les adultes,

- mais ils ne développent que très rarement la maladie,

ils n'ont pas d'arguments décisifs quant à leur rôle dans la chaîne de transmission du virus.

 

Conclusion...

 

Profitez de mai et juin, l'été pourrait être chaud et l'automne jeter un froid !

 

02- 05 - 2020

C'est au moment des catastrophes que les dirigeants se révèlent !

Jacinda Ardern, Premier ministre de la Nouvelle-Zélande
Jacinda Ardern, Premier ministre de la Nouvelle-Zélande

" Alors que la pandémie a propagé la peur, la maladie et la mort, les dirigeants nationaux du monde entier ont été sévèrement mis à l'épreuve. Certains ont échoué, parfois lamentablement, mais il y a aussi ces dirigeants qui se sont montrés à la hauteur, faisant preuve de détermination, de courage, d'empathie, de respect pour la science et la décence élémentaire, et atténuant ainsi l'impact de la maladie sur leur peuple."

 

Ainsi commence un long éditorial du comité de rédaction du New York Times.

 

Pour ces journalistes, dans cette crise, les dirigeants doivent être jugés à l'aune de trois critères :

- la rapidité des décisions,

- la confiance dans la science,

- la compassion.

 

A partir de là, la palme appartient à Jacinda Ardern, la Première ministre de 39 ans de la Nouvelle-Zélande :

" Le 21 mars, alors que la Nouvelle-Zélande n'avait encore que 52 cas confirmés , elle a expliqué à ses concitoyens quelles directives le gouvernement suivrait pour intensifier sa réponse. Son message était clair: «Ces décisions imposeront les restrictions les plus importantes aux mouvements néo-zélandais de l'histoire moderne. Mais c'est notre meilleure chance de ralentir le virus et de sauver des vies. » Et c'était compatissant: "S'il vous plaît, soyez forts, soyez aimables et unis contre Covid-19."

 

Ce qui est remarquable dans cette distribution des prix, c'est que les femmes se taillent la part du lion.

 

Angela Merkel, bien sûr, une scientifique, qui a agit avec célérité et détermination, mais aussi les jeunes dirigeantes des pays nordiques :

- en Islande, le Premier ministre Katrin Jakobsdottir,

- le Premier ministre finlandais, Sanna Marin - 34 ans - parmi les plus jeunes dirigeants du monde,

- le Premier ministre danois Mette Frederiksen,

- le Premier ministre norvégien, Erna Solberg.

 

Où sont les hommes ? Parmi les pays dirigés par des hommes, la Corée du Sud, Taiwan et la Grèce ont obtenu des résultats remarquables. Le Président italien, Giuseppe Conte, "a gagné le respect en ordonnant des mesures sévères et en promettant que l'État prendrait soin des gens."

 

La volonté de prendre des mesures rapides et audacieuses, même lorsqu'elles comportent des risques politiques, est certainement l'une des caractéristiques les plus importantes du leadership en temps de crise.

 

A partir de là les cancres sont faciles à identifier, et le sinistre crétin qui se pavane à la Maison Blanche est hors concours.

 

Et chez nous ? On ne peut pas dire que le duo qui dirige notre pays ait fait des étincelles : constamment hésitant sur la conduite à tenir, il n'a pas fait preuve d'un grand courage politique.

Mais qui aurait fait des miracles dans ce pays ? Sûrement pas l'hystérique incompétente, admiratrice de Trump, qui dit aujourd'hui le contraire de ce qu'elle affirmait hier.

 

 

Les dirigeantes nordiques au tableau d'honneur de la lutte contre la pandémie

 

30- 04 - 2020

De bonnes nouvelles !

1 - Remdesivir : un essai significatif prometteur ?

Le remdesivir, antiviral dont j'ai parlé à plusieurs reprises ici,  pourrait raccourcir le délai de récupération d'une infection par coronavirus, selon l'essai clinique le plus important et le plus rigoureux du composé à ce jour

 

 Le 29 avril, Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), a annoncé qu'un essai clinique sur plus de 1000 personnes avait montré que les personnes prenant du remdesivir se rétablissaient en 11 jours en moyenne, contre 15 jours pour ceux sous placebo.

Le laboratoire Gilead, qui produit la molécule, confirme ces résultats.

Certes, ce n'est pas encore le Pérou, mais c'est la première piste sérieuse qui peut conduire à l'élaboration d'une molécule efficace.

Les résultats seront publiés dans les semaines qui viennent.

A noter qu'une étude chinoise plus restreinte, publiée dans la très sérieuse revue The Lancet, ne révèle pas d'effets significatifs du même traitement contre placebo.

Le remdesivir agit en éliminant une enzyme que le SRAS-CoV-2, utilise pour se répliquer. 

 

 

II - Le triptyque du COVID-19

Stratégies de lutte contre le COVID-19
Stratégies de lutte contre le COVID-19

En moins de 4 mois, les recherches sur le nouveau coronavirus et la maladie qu'il provoque, ont conduit à des résultats spectaculaires dans trois domaines fondamentaux :

- l'immunologie,

- le processus inflammatoire,

- la stratégie de lutte contre ce fléau.

Une mise au point détaillée de ces connaissances vient d'être publiée dans la revue Nature.

 

Dans cette même revue, un article détaille la réponse immunitaire au SRAS-CoV-2 chez des patients atteints de COVID-19.

 Sur 285 patients atteints de COVID-19, dans les 19 jours suivant l'apparition des symptômes, 100% des patients ont été testés positifs pour l'immunoglobuline antivirale G (IgG).

Les titres d'IgG et d'IgM ont atteint un plateau dans les 6 jours suivant la séroconversion.

Ces résultats ouvrent la voie à des tests sérologiques fiables.

 

29- 04 - 2020

Data COVID-19  (France) au 28 avril 2020

 

 

Voici les graphes qui seront utilisés pour accompagner le déconfinement.

Nous voyons que les deux courbes les plus significatives (hospitalisation et réanimation) décroissent avec une lenteur désespérante !

Néanmoins, les départements de l'ouest, du sud-ouest et du sud-est - à l'exception notable de Marseille et des Bouches-du-Rhône - sont aujourd'hui déconfinables. A suivre.

 

 

27- 04 - 2020

Tocilizumab, un immunomodulateur prometteur ?

L'orage cytokinique
L'orage cytokinique

Je cite le communiqué de l'AP-HP Paris :

 

"Chez les patients atteints de pneumonie COVID-19, on pense qu'une "tempête de cytokines" à médiation immunitaire entraîne une insuffisance respiratoire aiguë et la mort. La plateforme CORIMUNO-19 a été rapidement conçue et mise en place pour évaluer l'efficacité et la tolérance de divers modulateurs immunitaires et autres traitements chez les patients adultes atteints d'une infection grave par COVID-19, grâce à une série d'essais contrôlés randomisés multicentriques qui ont débuté le 27 mars 2020. Ce rapport porte sur un essai multicentrique ouvert, randomisé et contrôlé du tocilizumab, un anticorps monoclonal bloquant le récepteur de la cytokine interleukine-6, utilisé cliniquement en particulier dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.

Les patients ont été sélectionnés sur la base de leur hospitalisation pour une pneumonie modérée ou sévère à COVID-19 ne nécessitant pas de soins intensifs à l'admission. Le principal résultat composite était la nécessité d'une ventilation (non invasive ou mécanique) ou le décès au 14e jour.

Au total, 129 patients ont été randomisés : 65 pour les soins standard + tocilizumab et 64 pour les soins standard seuls. Une proportion significativement plus faible de patients a atteint le résultat primaire dans le groupe tocilizumab. Les résultats de cette étude seront soumis pour publication dans une revue à comité de lecture."

 

Il s'agit donc ici de bloquer le fameux « orage cytokinique », lorsque, vers le septième jour, l’organisme se met à produire de façon excessive des protéines pro-inflammatoires appelées cytokines (voir le 7 avril 2020).

Des chercheurs italiens et chinois avaient déjà signalé les effets bénéfiques de cette molécule sur certains patients.

 

Bémol : il ne s'agit que de résultats partiels, fragmentaires, peu significatifs statistiquement. De plus les effets secondaires du tocilizumab ne sont pas bénins. Actuellement, une trentaine d'essais cliniques sont enregistrés concernant le tocilizumab en application contre le Covid19. 

 

Famotidine, une molécule improbable contre le coronavirus ?

Gageons que cette molécule, utilisée contre le reflux gastro-oesophagien, va bientôt être en rupture de stock aux USA et peut-être partout dans le monde.

 

De quoi s'agit-il ? D'un antihistaminique de type H2 destiné à limiter la sécrétion acide dans l'estomac à peu près abandonnée dans les pays riches au profit de l'oméprazole et de ses dérivés inhibiteurs de la pompe à protons (IPP).

 

Cette molécule n'est absolument pas connu pour ses activités antivirales. Son introduction dans le monde du COVID-19 vaut d'être contée !

 

LIRE :  New York clinical trial quietly tests heartburn remedy against coronavirus, Science

 

L'histoire de la famotidine

Michael Callahan
Michael Callahan

Le  Docteur Michael Callahan, (Massachusetts General Hospital, Boston) est un spécialiste des maladies infectieuses du monde entier.

À la mi-janvier, il était à Nanjing (Nankin), en Chine, pour un projet sur la grippe aviaire. 

C'est à ce moment que l'épidémie de COVID-19 a commencé à flamber à Wuhan. Avec ses collègues chinois,  il découvre l'hécatombe.

 

Dans les campagnes, le virus tuait plus d'un patient sur cinq de plus de 80 ans.

Il observe que les paysans pauvres étaient très majoritaires chez les survivants.

 

En examinant 6212 dossiers de patients COVID-19, les médecins remarquent alors que de nombreux survivants souffraient de brûlures d'estomac chroniques et prenaient de la famotidine, beaucoup moins chère que l'oméprazole.

 

Les patients COVID-19 hospitalisés sous famotidine semblaient mourir à un taux d'environ 14% contre 27% pour ceux qui ne prenaient pas ce médicament. Bien sûr, ces premiers résultats n'avaient pas de signification statistique.

 

Néanmoins Le Dr Callahan informe Robert Malone, médecin-chef des Laboratoires Alchem basé en Floride.

 

Malone est un spécialiste de la modélisation ; il fait partie d'un projet classifié appelé DOMANE qui utilise des simulations informatiques, l'intelligence artificielle et d'autres méthodes pour modéliser l'action de candidats médicaments

Il  teste in silico 2600 molécules susceptibles d'interagir avec des structures cristallines de la protéase du coronavirus du SRAS de 2003, combinées à la séquence d'ARN du nouveau coronavirus. Au final trois molécules s'avèrent être de bons candidats. Dont la famotidine !

 

 

Les tests cliniques en cours

 Le 7 avril, les premiers patients COVID-19 de Northwell Health, dans la région de New York, ont commencé à recevoir de la famotidine par voie intraveineuse, soit neuf fois la dose utilisée contre le reflux. 

Ce sont actuellement 187 patients dans un état critique qui sont traités sur les 1174 prévus.

 

Pour éviter "l'effet chloroquine" ces essais viennent tout juste d'être rendus publics. Les premiers résultats seront publiés quand 400 patients auront fini la cure.

 

A noter que pour recruter suffisamment de candidats, les médecins ont dû inclure la chloroquine dans leur protocole. Le groupe témoin est donc constitué de malades traités par la chloroquine, l'autre groupe prend de la chloroquine et de la famotidine.

On voit une nouvelle fois comment l'effet Trump aux USA et l'effet Raoult en France polluent les recherches actuelles.

 

Actuellement, quelques guérisons spectaculaires sont signalées dans l'entourage de ces chercheurs, elles n'ont pas de valeur prédictive sur l'efficacité réelle de la molécule. 

Donc s'abstenir de s'automédiquer, d'autant qu'à ces doses les insuffisants rénaux risquent gros.

 

 

25- 04 - 2020

Blog

 

L'effet "Raoult"

 

- Dommages collatéraux,

- Théorie de l'engagement

 

Après le séisme, viendra l'heure des bilans et je veux croire que le Pr Raoult sera sommé de s'expliquer devant ses pairs et ses bailleurs de fonds.

 

 

Ses deux prépublications, sur l'hydroxychloroquine et sur la bithérapie avec un antibiotique macrolide (azithromycine), qui ne prouvent strictement RIEN, ont fait des dégâts considérables.

 

Comment expliquer qu'un scientifique reconnu se soit embourbé dans ce dossier au point de devenir le héraut du populisme médical, en foulant aux pieds tous les canons de son métier ?

 

Raoult s'est empêtré dans l'hydroxychloroquine ; il ne peut plus en sortir. La façon dont il réfute tous les résultats publiés qui vont à l'encontre des siens et discrédite par avance les résultats à venir, montre qu'il a véritablement perdu les pédales.

 

Personnellement j'évoquerais la théorie de l'engagement dont j'avais parlé à propos des divagations du Pr Benveniste sur "La mémoire de l'eau".

La théorie de l'engagement stipule que  plus on est engagé dans quelque-chose (un acte, une cause…) plus il est difficile d'en sortir et d'y mettre fin (voir  La soumission librement consentie).

 

 

 A LIRE SUR LE BLOG

 

 

23- 04 - 2020

COVID-19 : UNE PREMIÈRE ÉTUDE SÉROLOGIQUE EN FRANCE publiée par l'Institut Pasteur

Fin mars 2020, 661 personnes reliées à un lycée de Crépy-en-Valois (Oise) ont fait l'objet d'une investigation épidémiologique menée par les chercheurs de l’Institut Pasteur.

Des tests de détection du virus, associés à trois tests sérologiques développés par l’Institut Pasteur (spécificité supérieure à 99%), ont permis de révéler que 26% de la population étudiée a été infectée par le SARS-CoV-2 et possède des anticorps contre ce virus (41% parmi les personnes fréquentant le lycée, 11% parmi leurs proches).

 

Parmi les autres résultats notables :

 

- Le taux d’hospitalisation dans cette population jeune (âge médian de 37 ans) est de 5,3%, et il n’y a pas eu de décès.

- La perte de l’odorat et la perte du goût sont les deux symptômes qui ont une valeur prédictive très forte en faveur d’une infection (supérieure à 85%).

- La proportion de personnes infectées sans symptômes pendant la période d’étude est d’au moins 17%. 

- Les sujets fumeurs semblent moins infectés par le virus : 7,2% des fumeurs de l’étude sont infectés, contre 28% des non-fumeurs.

- Les personnes hospitalisées sont plus âgés : ils ont 49 ans en moyenne, contre 18 ans chez les personnes non hospitalisées.

- Le taux de pénétration du virus est similaire chez les femmes et les hommes.

 

En conclusion :

« Dans l'ensemble, les résultats de cette étude ont des implications importantes pour les mesures de santé publique et le suivi de l’épidémie. Les taux d’attaque observés parmi les participants de l’étude suggèrent que l'immunité collective ne s'établira pas rapidement. De plus, d'autres régions de France, où le virus n'a pas encore circulé, sont quasiment naïves par rapport à ce virus, »

 

A noter que ces résultats sont proches de certaines études américaines et chinoises.

 

Ce qui veut dire que le déconfinement devra s'effectuer avec une extrême prudence.

 

 

 

22- 04 - 2020

COVID 19 - Et si le salut venait... de la truffe de nos chiens ?

On sait que des chiens ont été dressés pour détecter des cancers à un stade précoce, avec un taux de réussite incroyable (poumons, seins, ovaires), des infections bactériennes et quelques autres joyeusetés...

 

Voir : Animal, animaux, animalité 

 

Les Britanniques - le paradis des chiens - ont donc lancé nos amis à 4 pattes sur la trace du COVID 19... et ils sont très optimistes.

Bientôt à la douane, des chiens pour la drogue et des chiens pour le COVID !
https://www.medicaldetectiondogs.org.uk/covid-19-dogs/

 

 

Haut les masques !

Aux origines de la pénurie

 

" Le courage c'est de rechercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. " Jean Jaurès

 

Depuis des décennies, les virologues n'ont cessé d'alerter sur la survenue très hautement probable d'une pandémie virale dévastatrice. Ces scientifiques n'ont pas manqué d'alerter les politiques.

 

Aussi, quand en 2009, face au virus H1N1, la ministre de santé, R. Bachelot (*)  opte pour "l'armement maximun" (boite de masques pour tous, kits de traitement, vaccinations massives...)... elle ne fait que suivre les préconisations des infectiologues :

« Port de protections respiratoires [FFP2] par les personnels de santé et, si possible, par les autres personnes exposées ; port de masques chirurgicaux par les malades ; préconisation du port d’un écran en tissu par les personnes indemnes dans les espaces publics, à titre de précaution. »  Fiche C4 sur les mesures barrières sanitaires (éditée en septembre 2009)

 

Heureusement l'épidémie H1N1 a été stoppée avant le stade pandémique... et stupidement des politiciens irresponsables, comme Mme Le Pen - mais pas que -, ont accusé la ministre de dilapider les fonds publics.

 

Les gouvernements de N. Sarkozy et F. Hollande se lanceront alors dans un désarmement qui a conduit aux pénuries et à la mise en danger du personnel soignant qui déplore aujourd'hui des centaines de morts.

 

 Pourtant partout dans le monde, les experts continuaient de prédire que des pandémies ne manqueront pas de survenir, et ce de plus en plus souvent.

 

"Une des plus récentes mises en garde officielles provient des États-Unis. Le Directeur du National Intelligence Service, Dan Coats, avertit dans son bilan sur les menaces dans le monde, le 29 janvier 2019 " :

 

« Nous estimons que les États-Unis et le monde resteront vulnérables à la prochaine pandémie de grippe ou à une épidémie à grande échelle d’une maladie contagieuse qui pourrait entraîner des taux massifs de décès et d’invalidité, affecter gravement l’économie mondiale, mettre à rude épreuve les ressources internationales. »

 

Un an plus tard la catastrophe est là... et elle tient toutes ses promesses !

 

Dans un remarquable et exhaustif article, publié dans The Conversation, le Pr Arnaud Mercier (Université Paris 2 Panthéon-Assas), retrace l'évolution de la doctrine sanitaire des gouvernements français depuis 2005 et rétablit la chronologie des faits qui a conduit notre pays à se désarmer face au risque de pandémie.

 

(*) : il va sans dire - mais ça va mieux en le disant - que je ne suis aucunement un supporter de Mme Bachelot et encore moins des partis auxquels elle a pu appartenir.  

 

Des faits, rien que des faits, c'est la seule "doctrine" politique d'un scientifique.

 

 

21- 04 - 2020

Modélisation de l'épidémie par l'Institut Pasteur

L'Institut Pasteur, en collaboration avec Santé Publique France et le CNRS, ont fait une analyse détaillée des hospitalisations et des décès COVID-19 en France. Ces données ne décrivent que les infections les plus sévères.

Il s'agit d'une modélisation mathématique et statistique permettant de mieux comprendre cette épidémie et l’impact du confinement sur la propagation de SARS-CoV-2.

 

Effet du confinement 

L’analyse montre que le confinement a eu un impact très important sur la transmission de SARS-CoV-2, avec une réduction de 84% du nombre de reproduction. En effet, le nombre moyen de personnes infectées par un cas, le nombre R0, est passé de 3,3 à 0,5 pendant le confinement. Cela a conduit à une réduction du nombre journalier d’admissions en réanimation de 700 en fin mars à 200 en mi-avril.

Si cette tendance se poursuit, le nombre journalier d’admissions en réanimation en France devrait se situer entre 10 et 45 au 11 mai 2020, date annoncée de la levée du confinement.

 

Morbidité

Les résultats montrent qu’en France, le risque d’hospitalisation est de 2,6% pour les personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2. Ce risque augmente fortement avec l’âge pour atteindre 31% chez les hommes de plus de 80 ans.

Le taux de mortalité chez les personnes infectées est de l’ordre 0,5% (13% chez les hommes de plus de 80 ans). La probabilité de décès est 45% supérieure chez les hommes infectés que chez les femmes infectées, avec un différentiel qui augmente avec l’âge.

 

Niveau d'immunité

Au 11 mai, près de 6% des Français devraient avoir été infectés par le SARS-CoV-2, avec une proportion plus importante en Ile-de-France (12,3%) et dans le Grand Est (11,8%) qu'en Occitanie (3%) par exemple.

Ce niveau d’immunité est donc très inférieur au niveau nécessaire pour éviter une seconde vague si toutes les mesures de contrôle devaient être levées. 

 

20- 04 - 2020

 

En un mois, la connaissance du SRAS-CoV-2 et de la maladie qu'il provoque, le COVID-19- a beaucoup progressé.

C'est même assez incroyable, de constater ce que les techniques modernes d'analyses, d'imageries, de séquençages, de modélisations...sont capables de faire aujourd'hui.

Nous devrions nous prosterner devant le Dieu informatique !

 

D'un autre côté, la collaboration entre chercheurs, issus de disciplines aussi différentes que la physiologie, la médecine, la biologie moléculaire, la chimie, les mathématiques... ,a considérablement renforcé la force de frappe de la recherche.

J'ai toujours défendu l'interdisciplinarité, souhaité que l'on rompe en France avec l'hyperspécialisation des enseignements à l'Université, malheureusement beaucoup trop présente dans ce pays.

Pour lutter contre un fléau pareil, cette communication est essentielle et elle implique une certaine perméabilité interdisciplinaire.

 

La connaissance a beaucoup progressé, mais les nouvelles ne sont pas forcément rassurantes, du moins pour le court-terme :

- côté immunité, les scientifiques ne sont plus absolument sûr qu'une immunité de longue durée puisse être acquise,

- les recherches sur les candidats vaccins vont néanmoins bon train, mais un vaccin sûr ne sera pas prêt avant le 2ème semestre 2021... si tout va bien.

- aucun traitement n'est actuellement au point. Néanmoins, aux dernières nouvelles, un antiviral développé par Gilead, le remdesivir, donne quelques espérances. Le résultat de l'essai Discovery  sera disponible dans deux ou trois semaines.

 

Prenons-donc soin de nous, confinement ou pas !