Les événements ne sont que l'écume des choses, ce qui m'intéresse, c'est la mer»

Paul Valéry, Regards sur le monde actuel 1931

 

Citation concernant le chercheur, figurant en exergue de ma thèse de doctorat d'Etat consacrée aux benzodiazépines :

 

"Comme tous les autres hommes, nous apportons un peu de lumière dans les vastes et infinies ténèbres de l'existence humaine et de l'univers. Pour nous comme pour eux changement et éternité, spécialisation et généralisation, instrument et but final, société et individu, complémentaires l'un de l'autre, exigent et délimitent notre engagement et notre liberté"

 

J.R OPPENHEIMER, Conférence, BBC, 1953

 

Bosons de Higgs, neutrino muonique... la physique réenchante le monde scientifique
Bosons de Higgs, neutrino muonique... la physique réenchante le monde scientifique

Alors que les philosophes grecs voulaient embrasser l'ensemble du champ des connaissances (*), la complexité du monde a progressivement  conduit à une "spécialisation" qui a eu son apogée au XXème siècle. On étudie par exemple : les sciences humaines, les sciences sociales, les sciences physiques, les sciences naturelles, la médecine, les mathématiques, l'analyse numérique... Puis de nouvelles subdivisions sont nées, liées à l'essor technique et instrumental ; par exemple la microélectronique.

 

Cependant ces dernières années, la nécessité de recherches pluridisciplinaires (et transdiciplinaires), d'abord aux interfaces (chimie-biologie, physique-biologie...) puis dans des thématiques beaucoup plus large, embrassant par exemple la chimie, la biologie moléculaire, l'analyse numérique, la physique...est apparue à beaucoup de chercheurs comme la seule voie permettant d'accéder à des phénomènes de plus en plus complexes et imperméables à l'entendement de savants trop spécialisés.

Dans les grands laboratoires de recherche l'on trouve maintenant des "spécialistes" par domaines plus ou moins pointus, capables de dialoguer entre eux pour proposer une approche beaucoup plus globale des problématiques scientifiques actuelles.

 

Les nanosciences sont l'aboutissement le plus remarquable de cette démarche. Partout en France, en Europe, au Japon, aux USA... de grands réseaux "nanosciences" se sont constitués.

 

Le rapprochement de cet ensemble de disciplines est parfois appelé par les anglo-saxons la convergence NBIC (Nanosciences, Biologie, Informatique et sciences de la Cognition). Cette évolution (que certains qualifient de révolution) laisse augurer des innovations importantes dont certaines ont une portée telles qu’elles pourraient modifier profondément notre mode de vie.

Tous les domaines sont concernés et des investissements gigantesques (en milliards d’euros) sont consentis tant aux USA qu'en Europe ou au Japon.

 

Si du point de vue de la connaissance scientifique, plusieurs sous-disciplines sont particulièrement utiles aux développements des connaissances fondamentales des NST, on peut noter l’émergence de trois sous-champs spécifiques :

 

  • - biosciences et pharmacie : autour de la biologie, des laboratoires pharmaceutiques et des biotechnologies. Ce champ peut être qualifié comme celui de la nanobiologie.
  • - nanomatériaux et synthèse chimique : autour de la chimie et des nanomatériaux. Ce champ peut être qualifié comme celui des nanomatériaux.
  • superconductivité et ordinateur quantique : essentiellement issue de la - microélectronique, ce champ peut être qualifié comme celui de la nanoélectronique.

L’ensemble de ces trois champs s’articulent les uns aux autres avec plus ou moins d’intensité et de distance.

 

Les nanosciences et nanotechnologies se développent en rendant plus perméables les frontières entre les disciplines scientifiques et technologiques traditionnelles. L’électronique, la chimie, la physique, la biologie, les sciences médicales, les sciences de l’information et de la communication ont de plus en plus d’interactions. On évoque parfois un processus de « convergence » des disciplines. (Réseau Nano idF)

 

Dans tous les cas, l'approche est commune.

 

Une telle révolution a conduit des philosophes, des médecins, des psychiatres (voir l'article ci-dessous)...mais aussi des charlatans à réfléchir sur la démarche et le potentiel (incommensurable pour certains) des nanosciences.

 

Entre progrès infini, chemin incontournable vers un avenir radieux ... ou apocalyptique, le choix est large... et fait la fortune de philosophes de comptoirs, de pseudoscientifiques, d'auteurs de science-fiction ... qui ont eux-aussi remarqué tout le bénéfice qu'ils pouvaient escompter de cette extraordinaire aventure qui marquera le XXIème siècle.

 

Une approche de l’épistémologie clinique comparative du vivant

M.-G. Schweitzer and N. Puis-Vergès

 

Groupe de recherche d’épistémologie clinique comparative, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Assistance-publique–Hôpitaux de Paris, 47, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France

 

Le développement des biotechnologies, des sciences cognitives, des neurosciences, comme l’émergence des nanosciences, introduisent de nouvelles possibilités d’intervention de l’homme sur l’homme, sur le vivant et sur la matière.

Les auteurs analysent la progression de la construction des connaissances et leurs effets sur les représentations attachées au vivant, à l’humain, mais aussi sur les représentations de leurs relations à l’environnement et au monde.

Cette évolution, marquée par l’importance de la relation humaine à l’infiniment petit et à l’infiniment grand, modifie les rapports du vivant à l’inanimé et de l’homme à la matière, et fait interférer les démarches d’exploration, de production et de transformation du vivant.

 

Vaste sujet !

 

(*) L'exemple le plus éloquent est celui d'Aristote (384 av. J-C - 322 av. J.-C)

 

Définissant la philosophie comme étant essentiellement la connaissance des causes premières, Aristote fut celui qui effectivement amena un progrès réel dans l'étude de ces causes par les savants de l'époque, en énonçant la théorie des quatre causes (matérielle, formelle, motrice, finale).

 

La métaphysique d'Aristote fut longtemps l'horizon indépassable de tout événement scientifique; sa théorie du Ciel domina jusqu'à la Renaissance, sa physique élémentariste (eau, air, terre, feu), jusqu'à la fin du XIXe siècle. Reste sa psychologie dont plusieurs aspects ne sont pas encore contredits par la science moderne (localisation précise de l'âme et de l'intellect, distinction entre les facultés et les organes, etc.). Par ailleurs, la formulation par Aristote de l'existence d'une cause motrice pour expliquer le changement, continue de tracer toute expérience possible de l'observation scientifique du réel, avec l'exception notable (!) de la physique quantique. Plusieurs principes et paradigmes de la démarche aristotélicienne et de ses nombreux continuateurs conditionnent, encore aujourd'hui, nos représentations empiriques ou scientifiques, notamment dans le domaine du Vivant.

Encyclopédie de l'Agora

 

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