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Faut-il redéfinir le " vivant "?

Quelle(s) vie(s) "extraterrestre" ?

Hot Springs in Yellowstone
Hot Springs in Yellowstone

Au récent congrès de l'AAAS à San José (CA), une session a réuni un groupe de chercheurs de différentes disciplines autour d'une réflexion sur les moyens à mettre en oeuvre pour déceler d'éventuelles nouvelles formes de vie.

 

En effet, dans notre quête d'une vie extraterrestre, nous avons toujours cherché une signature du vivant tel que nous l'avons dévoilée sur cette terre, avec sa biochimie, ses aminoacides "gauche", ses sucres, ses nucléotides, son ARN, son ADN...

 

Voir sur le site : L'origine de la vie

 

Cette forme de vie nous l'avons trouvée sur notre planète jusque dans les milieux les plus extrêmes, comme par exemple dans les sources chaudes de Yellowstone (ci-contre).

 

Mais pourquoi ne pas imaginer qu'il puisse exister des formes de vie radicalement différentes, avec une chimie (biochimie...) qui soit autre ? Par exemple, pourquoi ne pas envisager une construction du vivant avec des aminoacides qui seraient "droits" ou des protéines repliées différemment ?

 

Et si dans l'espace - où même sous notre nez !- une autre vie s'était organisée !

 

"Shadow biosphere might be hiding strange life right under our noses"

 

 

titre la revue Science qui rend compte de ce séminaire.

Mais comment chercher quelque chose quand on n'a pas la moindre piste ?

 

Les scientifiques proposent deux voies :

 

- top-down (de haut en bas), qui implique la recherche dans des milieux extrêmes de nouvelles signatures biochimiques. Par exemple, sur d'autres planètes, pourquoi ne pas analyser des systèmes non-aqueux, des "mers" d'hydrocarbures...

 

- bottom-up (de bas en haut), qui consiste à réfléchir aux précurseurs possible du vivant, en essayant d'imaginer le dernier maillon (l'interface) entre l'inanimé et le vivant ; un travail à la " Golden Spike " en quelque sorte !

 

Beaucoup de chercheurs s'accordent pour penser que " la vie n'a pas choisi l'ADN ou l'ARN par nécessité chimique". Il peut y avoir eu beaucoup de voies alternatives à l'évolution de la vie.

 

Sur les travaux en cours voir par exemple ceux des (bio)chimistes :

 

- du groupe de David G. Lynn à Emory (Atlanta),

- du groupe de John Chaput (Arizona State University)

 

mais aussi de la "planétologue" Carolyn Porco

Rickettsia rickettsii
Rickettsia rickettsii

Mais au fait, sommes nous au clair sur le vivant bien de "chez nous" ?!

En 2015, comment définir la vie et où commence-t-elle ?

En gros, comment se porte la vie aujourd'hui et où va--t-elle ?

 

De tout temps le (bio)chimiste a été confronté au problème du vivant, de façon de plus en plus brûlante au fur et à mesure qu'il lui apparaissait que les molécules qu'il découvrait étaient constitutives de la matière, qu'elle soit animée ou pas. En montrant qu'il n'existait pas une matière vivante, il brisait un tabou.

 

L'homme a ensuite osé synthétiser les molécules du vivant, il a su comprendre comment, avec très peu de briques élémentaires, des organismes d'une incroyable complexité avaient pu voir le jour.

 

La vie n'est qu'une organisation de la matière et c'est à partir de là que l'on peut tenter de définir ce qu'est un organisme vivant ou non-vivant.

 

La NASA qui traque les formes de vie "extraterrestre" (voir plus haut) donne cette définition de la vie :

 

 « La vie est un système chimique autonome capable de suivre une évolution darwinienne. »

      

Ou encore  : « Est vivant tout système autonome pourvu de capacités évolutives ouvertes. »


La capacité à évoluer est alors la caractéristique principale des êtres vivants.

Aux limites du vivant

Mimivirus
Mimivirus

Mais où commence la vie ?

 

Si l'on suit les définitions ci-dessus, il apparaît que des microorganismes à cellule unique comme les bactéries, sont les plus petites entités qui méritent le qualificatif de vivant.

 

Pourtant les travaux récents sur les virus sont venus troubler cette certitude.

 

Un virus n'est pas vivant pensait-on puisque ne possédant aucune des enzymes nécessaires pour produire de l'énergie, ni pour se multiplier seul, il se comporte comme un parasite intracellulaire. Pour se reproduire, il doit pénétrer dans une cellule et détourner sa machinerie enzymatique.

 

La découverte de virus "géants" par des chercheurs marseillais est venu semer le doute. En effet ce fameux " mimivirus " possède, dans son génome, des gènes codant pour des enzymes associées à la fabrication des protéines.

 

Autrement dit, il a les outils pour se multiplier seul, même s'il ne s'en sert pas.

 

D'un autre côté il existe des bactéries qui se comportent comme... des virus ! C'est le cas des Rickettsia (cliché plus haut) dont le mode de vie se rapproche énormément de celui des virus : elles ne peuvent vivre qu'à l'intérieur d'une cellule hôte. Elles ont d'ailleurs perdu une partie de leur matériel génétique et de leurs fonctions, puisqu'utilisant ceux de leur hôte. 

 

Les frontières de la vie sont-elles donc perméables ?

 

Voir sur le blog : Les virus sont-ils vivants ?

 

Regarder la conférence de François Jacob (prix Nobel) ci-dessous

enregistrée en 2000 (on ne connait pas encore les virus "géants")

 

Biologie synthétique : vers des formes de vie modifiée ?